L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ont publié dans un rapport du 6 juillet 2023 les perspectives agricoles pour la décennie à venir.

Globalement, la production mondiale n’a augmenté que de 1 % en 2022, atteignant 347 millions de tonnes-équivalent carcasse (tec). « Plusieurs facteurs en ont limité la croissance, dont les épizooties, le niveau élevé et en hausse constante du coût des intrants, et les événements météorologiques extrêmes », explique les deux organisations.

Du fait de la baisse des volumes disponibles à l’exportation, l’indice des prix de la viande de la FAO a progressé de 10 % entre 2021 et 2022. Toutefois, les ratios entre les prix de la viande et ceux de l’alimentation animale restent peu élevés.

Une production de 382 Mt en 2032

Pour la période de 2023 à 2032, les perspectives du marché de la viande sont relativement favorables pour les producteurs malgré des freins liés aux coûts élevés de l’alimentation et de la main-d’œuvre. En 2032, la production mondiale de viande devrait atteindre 382 millions de tonnes-équivalent carcasse, soit une hausse de 41 millions de tec au cours de la prochaine décennie.

Le principal moteur de la croissance reste la volaille qui renforcera sa place dominante dans le secteur de la viande, en représentant à elle seule la moitié du volume total de viande supplémentaire produite dans les dix années à venir.

La production porcine devrait s’établir à 129 millions de tec en 2032. La production chinoise de viande porcine devrait se redresser, et sa part dans la production mondiale retrouvera son niveau de la dernière décennie (45 %), compensant la baisse de la production européenne.

De son côté, la production bovine atteindra 78 millions de tec d’ici à dix ans. Cette progression sera favorisée par une augmentation des poids de carcasse et une hausse du nombre d’abattages dans plusieurs régions productrices d’Afrique et en Asie.

Enfin, la production de viande ovine devrait atteindre 19 millions de tec en 2032, la production chinoise contribuant à hauteur de 17 %. « Au sein de l’Union européenne, la production devrait légèrement progresser par rapport à son niveau actuel du fait du soutien des revenus couplé à la production et de prix à la production favorables dans les principaux États membres producteurs d’ovins », indiquent l’OCDE et la FAO.

Si le marché sera renforcé par l’offre accrue provenant de l’Asie et de l’Afrique subsaharienne, l’engagement de la Nouvelle-Zélande de réduire ses émissions de GES devrait limiter la taille de son cheptel.

La Chine influence fortement les prix mondiaux

Malgré leurs niveaux actuellement élevés, les prix devraient baisser en termes nominaux comme en termes réels, « sous l’effet d’une demande moins soutenue et d’une augmentation de l’offre à mesure que l’impact des flambées épizootiques s’estompe, surtout en Chine ».

En effet, l’évolution de la situation en Chine a des répercussions sur le prix de référence mondial de la viande porcine et, dans une moindre mesure, sur celui des autres viandes. Par conséquent, les prix réels de la viande d’ici à 2032 devraient être de 10 % à 14 % inférieurs à leurs niveaux moyens en 2020-2022.

Une consommation en hausse de 2 %

La consommation mondiale de viande par habitant devrait progresser de 2 % à l’horizon de 2032, soit une hausse de 700 g par an et par personne en équivalent poids comestible au détail par rapport à la période de 2020 à 2022. Similaire à celle observée dans la décennie précédente, la consommation mondiale de viande par habitant est une nouvelle fois tirée par l’augmentation de la consommation de viande de volaille.

À l’échelle mondiale, la consommation de volaille, de viande porcine, de viande bovine et de viande ovine devrait respectivement progresser de 15 %, 11 %, 10 %, et 15 % d’ici aux dix années à venir. En 2032, la volaille comptera pour 41 % de l’ensemble de la consommation de protéines carnées, devant les viandes porcine, bovine et ovine. « S’il est fait abstraction des États-Unis, du Brésil et de la Chine, la plus forte croissance globale du volume de la consommation de viande est prévue dans les pays à revenu relativement faible », précise l’OCDE et la FAO.

Les exportations de l'UE en baisse

Les exportations de viande au niveau mondial vont augmenter de 3 % à l’horizon de 2032 par rapport à la période de référence. Elles devraient ainsi atteindre 42 millions de tec, et près de 11 % de la production de viande fera l’objet d’échanges internationaux.

Les importations de viande de volaille représenteront les deux tiers des importations supplémentaires de viande en 2032, portant à 40 % sa part dans les importations totales de viande.

Bien que les pays développés devraient encore contribuer pour plus de la moitié (55 %) aux exportations mondiales de viande à l’horizon de 2032, leur part diminuera sans discontinuer par rapport à la période de 2020 à 2022. Par ailleurs, la part des exportations de l’Union européenne diminuera pour passer de 18 % à 15 % en dix ans.

À l’échelle mondiale, les flambées épizootiques et les politiques commerciales restent deux des principaux facteurs qui déterminent l’évolution et la dynamique du marché de la viande.