Jusqu’à l’automne, les perspectives pour les prix du tourteau de soja en 2023 étaient baissières en raison du fort rebond attendu de l’offre en soja en Amérique latine. Cette culture est en effet favorisée dans les assolements en raison de son coût de production relativement peu élevé par rapport à celui des céréales.

La surface brésilienne de soja se confirme en hausse de presque 5 %, selon les estimations officielles. Les semis se sont déroulés plutôt dans de bonnes conditions, même si actuellement le sec ralentit les ensemencements et affecte l’émergence des jeunes plants dans l’extrême sud du pays.

Toutefois, depuis novembre, un déficit pluviométrique s’est installé sur les zones de production de l’Argentine, de l’Uruguay et du sud du Brésil. Le scénario de sécheresse de l’an dernier se reproduit au début de 2023, mais avec une ampleur encore plus marquée.

La récolte européenne de soja a également été affectée par une sécheresse très sévère cet été. De plus, les marges de trituration du soja sont faibles, et fortement concurrencées par celles du colza. Les industriels de la trituration se détournent ainsi de la fève : en octobre-novembre, la production de tourteau de soja a chuté de presque 25 % par rapport à l’an dernier dans l’Union européenne, limitant l’offre disponible localement.

Rebond de la demande en Chine

Les prix du tourteau sont par ailleurs soutenus par un fort rebond de la demande mondiale. Cela découle d’une forte attractivité du tourteau de soja par rapport aux céréales, dont les prix ont flambé à la suite du conflit armé en Ukraine.

Les besoins ont augmenté en Chine aussi en raison d’une forte hausse du prix du porc, conséquence d’une chute du cheptel chinois. Les perspectives économiques s’améliorant dans l’empire du Milieu, la consommation par habitant enregistre également un léger rebond. Les consommations de tourteau et de soja s’en sont trouvées fortement dynamisées sur la fin de 2022.

Néanmoins, la tendance semble s’inverser actuellement. La fin des restrictions sanitaires en Chine entraîne une flambée de cas de Covid, ce qui restreint l’activité économique sur le court terme. Par ailleurs, dans l’Union européenne, une épidémie de grippe aviaire assez sévère limite les achats des fabricants d’aliments. Pas de quoi faire chuter les cours néanmoins, les perspectives météorologiques en Amérique du Sud n’étant pour le moment pas très rassurantes. Et un temps sec prolongé pourrait encore faire monter les prix des tourteaux.