En 2024, la sole consacrée au sorgho a fortement progressé en France. Elle est passée de 55 000 ha en 2023 à 101 000 ha, selon Agreste, « ce qui est une vision assez optimiste, Sorghum ID tablant plutôt autour de 85 000 à 90 000 ha », a indiqué Aude Carrera, ingénieure chez Arvalis, le 20 février 2025 lors d’une réunion technique.
Cette hausse de surface est conjoncturelle, liée aux difficultés de semis à l’automne 2023 en raison des pluies excessives. L’Occitanie reste la première région productrice française, comptabilisant 38 % des surfaces en 2024, suivie de la Nouvelle-Aquitaine (29 %). Il est à noter que les surfaces progressent dans la Région Centre-Val de Loire (15 %).
Dans le reste de l’Europe, les surfaces ont également progressé mais de façon plus structurelle. La filière semble se consolider, notamment en Europe de l’Est, avec la Hongrie (environ 44 500 ha), suivie par l’Italie (40 500 ha).
Des semis tardifs
La récolte française de sorgho grain est estimée en 2024 à 491 000 tonnes (308 000 tonnes en 2023). Le rendement moyen s’établit à 48,7 t/ha en 2024, « inférieur à 2023 qui était une année très bonne pour le sorgho », indique Aude Carrera, et en retrait de 4,1 % par rapport à la moyenne de 2019-2023.
Gênés par la pluviométrie, les semis ont été tardifs, « voire trop tardifs pour la zone septentrionale, d’autant plus que les conditions au printemps ont été peu poussantes pour les premiers semis », décrit l’ingénieure. La météo n’a pas toujours permis de créneau pour désherber. Des traitements de prélevée, « un élément essentiel pour la gestion du salissement du sorgho », n’ont pas pu être réalisés et les conditions de rattrapage n’ont pas toujours été favorables à la culture.
Manque de rayonnement
« Jusqu’à la mi-juillet dans toutes les régions, on a plutôt eu suffisamment de pluies pour assurer un développement correct de la culture et un niveau de biomasse satisfaisant, ajoute Aude Carrera. En revanche, certains secteurs ont été très secs entre le 15 juillet et le 15 août, pendant la floraison du sorgho. » Néanmoins, peu de températures caniculaires ont été relevées durant l’été qui, à l’inverse, a été un peu frais surtout au début. Les rayonnements, inférieurs à la normale, n’ont « pas favorisé l’installation d’un potentiel exceptionnel ».
Le mois de septembre, avec des températures très fraîches et surtout une pluviométrie très importante, a retardé la maturité. Les récoltes ont été tardives, et même impossibles dans certaines zones de la région septentrionale. « Sachant que les récoltes du sorgho sont faites en dernier, après les autres cultures de printemps, voire après les semis des céréales à paille, ce qui fait qu’on n’a pas toujours récolté dans de bonnes conditions », note l’experte.
Forte présence d’héliothis et accidents de panicules
L’année a été très favorable à l’attaque des ravageurs du sol (limaces et taupins en particulier). Elle a aussi été particulière par l’intensité de la présence d’héliothis dans les zones qui en ont historiquement (Sud-Ouest), que par l’étendue des zones touchées. « L’héliothis est remonté jusqu’au centre de la France (Orléans), ce qui est assez rare. En revanche, le Rhône-Alpes, habituellement touché, a eu moins de pression cette année », informe Aude Carrera.
Cette campagne a aussi été marquée par des accidents de panicules localisés dans le Sud-Ouest, « qui expliquent en partie les mauvais résultats observés dans cette zone », précise l’ingénieure d’Arvalis. Des manques de grains ont ainsi été constatés sur 5 à 15 % des parcelles. Arvalis a tenté de trouver une explication avec une enquête menée auprès des producteurs sur le territoire. Forte pression héliothis, punaises, incidence du climat, effet variétal, phytotoxicité… Les causes probables sont variées « et pourraient même se cumuler sur certaines parcelles », conclut Aude Carrera.