Sur la campagne commerciale de 2024-2025, le groupe Sénalia prévoit d’exporter environ 1,6 million de tonnes de céréales, contre 4 à 5 millions de tonnes habituellement. C’est ce qu’a annoncé son directeur général, Gilles Kindelberger, à l’occasion d’une réunion d’information à Paris le 10 janvier 2025. La mauvaise récolte de 2024, tant pour les rendements que la qualité, ainsi que la concurrence internationale, jouent pour le moment en défaveur de l’exportation des céréales françaises.

Le groupe a donc mis en place une « activité partielle » ainsi qu’une « affectation des collaborateurs sur d’autres métiers », notamment l’entreposage. Cette activité affiche en effet une belle progression : le groupe a atteint son objectif affiché l’année dernière, à savoir la mise à disposition pour ses clients de 90 000 palettes pour 75 000 m² de surface, repartis sur trois sites de conditionnement.

Rattrapage sur 2023-2024

Démarrée au ralenti, la campagne commerciale de 2023-2024 a quant à elle finalement rattrapé son retard sur le premier trimestre de l’année 2024 : « Nous avons chargé 1,480 million de tonnes sur les mois de janvier, février et mars, ce qui est significatif », signale Gilles Kindelberger.

Sur la totalité de la campagne, le groupe a exporté 3,850 millions de tonnes de céréales, un volume en baisse de 6 % par rapport à la campagne précédente. Cependant, grâce à la progression de l’activité de logistique industrielle (+2,7 % sur un an), le volume global de produits traités par Sénalia ne baisse que de 2,8 % (6,5 millions de tonnes). D’un point de vue financier, son chiffre d’affaires est en progression de 13 % sur un an, à près de 45 millions d’euros, et l’EBE de 12 %, à 12 millions d’euros.

Trouver de nouveaux débouchés

Dans le détail, les exportations de blé de 2023-2024 sont en recul de 8 % sur un an à 2,5 millions de tonnes, celles d’orge fourragère, en progression de 30 % à 1,14 million de tonnes, et celles des orges de brasserie, en retrait de 51 % à 189 000 tonnes. « La Chine a été longtemps un de nos gros clients, surtout en orge de brasserie. Post-covid, elle est venue acheter de l’orge fourragère et du blé, explique Gilles Kindelberger. Aujourd’hui, elle a trouvé de nouveaux accords avec l’Australie, donc ce marché risque de se réduire », appuie-t-il. Le directeur général mentionne également les tensions diplomatiques avec l’Algérie, qui a en conséquence exclu les origines françaises de ses appels d’offres cette année.

Pour le groupe, il est donc essentiel de « trouver de nouveaux débouchés » et « préserver la qualité de nos produits ». Selon Gilles Kindelberger, la concurrence est rude : Ukraine, Russie, ou encore Roumanie « produisent de belle qualité avec des prix inférieurs par rapport à ceux que nous sommes capables d’offrir sur le marché », alerte-t-il.

Sans insecticide de stockage

Sénalia observe également une progression de la demande sur les qualités « sans insecticide de stockage » (SIS). 70 000 tonnes de blé SIS ont ainsi été exportées sur la campagne de 2023-2024, à destination des États-Unis. « C’est un marché difficile mais possible », déclare Gilles Kindelberger, qui a mentionné un programme d’investissement pour mieux gérer les insectes.