La grande zone de production de blé améliorant en France a longtemps été le grand Bassin parisien et le Sud-Ouest. Toutefois, jusqu’à il y a trois, quatre ans, le Sud-Ouest est venu renforcer significativement le disponible. « Il y a alors eu une phase avec trop de blé améliorant, ce qui a conduit à baisser les primes de qualité, parfois à 20 à 30 €/t seulement », signale Claude Gagnol, directeur des filières céréalières et des achats, chez Limagrain Ingredients.
Baisse des surfaces
Juste avant la crise du Covid, il y a donc eu un effet boomerang avec une première baisse des emblavements. Cela s’est ensuite renforcé avec l’inflation des prix des fertilisants, qui s’est accentuée avec la guerre en Ukraine. « Les agriculteurs ont en effet regardé à deux fois avant de semer ce type de blé, qui doit avoir plus de 13,5 % de protéines, et de facto coûte plus cher à produire. Et ceux qui en ont malgré tout cultivé ont souvent réduit les apports azotés, diminuant ainsi sa qualité », rapporte Claude Gagnol.
Les surfaces ont atteint 300 000 hectares en 2020, pour une production de plus de 1,2 million de tonnes et près de 25 % des blés utilisés en panification. Celle de 2023 serait autour de 700 000 à 800 000 tonnes avec, cette fois, des primes élevées de l’ordre de 100 €/t et plus, contre 40 à 50 €/t en année classique. « Dans le Sud-Ouest, notamment, la baisse de disponible en 2023 aurait été de l’ordre de 50 % comparativement aux années antérieures », ajoute-t-il.
Indispensable pour la panification
Il manque globalement donc du blé améliorant en France, alors qu’ils sont indispensables pour la panification. « Techniquement parlant, cette année, il est difficile de trouver les qualités adaptées, insiste le spécialiste. Or, selon le type de farine et le type de produit fini recherché, il en faut entre 10 et 100 % dans les maquettes (assemblages de différentes qualités de blé). » Par exemple, les pains de mie, la viennoiserie et les « buns » en sont très consommateurs.

Pour la récolte de 2024, il existe un regain d’intérêt pour cette céréale, dans un contexte de forte baisse des prix du blé mais de diminution du coût des fertilisants et de primes à la hausse (70-80 €/t) du côté de l'agriculteur. Et sauf phénomènes climatiques qui perturberaient la situation, on devrait se retrouver dans une année favorable en termes d’offre de blé améliorant. « Pour prévenir des situations tendues en disponible, il est très important d’anticiper les besoins et donc d’avancer sur des schémas de contractualisation au niveau filière », insiste Claude Gagnol.