Les récoltes battent leur plein en plusieurs points du globe. Avec environ 711 millions de tonnes, la récolte mondiale de blé tendre a vu son niveau se dégrader ces derniers mois par rapport aux prévisions initiales. La production mondiale de blé est maintenant prévue en baisse par rapport à l’an dernier. Dans l’Union européenne, le printemps a soit été trop sec et trop chaud, comme en Espagne et en Europe du Nord, soit bien trop humide, comme en Europe du Sud-Est. Il en résulte des rendements amoindris, mais avec des nuances selon les pays. Dans ce contexte, la récolte française pourrait faire bonne figure malgré quelques déconvenues.

Ailleurs dans le monde, le constat est plutôt terne. Au Canada, les conditions de croissance des blés de printemps ne cessent de se dégrader à cause de températures excessives et du manque de pluie. La situation n’est également pas idéale aux États-Unis. La récolte y est prévue en baisse de 4 % par rapport à la moyenne quinquennale. La faute à des blés d’hiver qui ont rencontré des difficultés d’implantation à l’automne dernier, en raison d’un temps trop sec. En Russie, la récolte de blé d’hiver est en cours. Comme attendu, les rendements ne devraient pas atteindre les niveaux records de l’an dernier. En outre, les conditions d’implantation des blés de printemps dans le centre du pays, mais aussi au Kazakhstan, ont été très sèches et chaudes, laissant envisager également une baisse des potentiels de production.
Europe : des stocks prévus à un niveau élevé
Néanmoins, pour débuter la campagne de 2023-2024, l’Union européenne bénéficie d’importants stocks de report issus de la récolte de 2022. À cela s’ajoutent des demandes humaines et industrielles dont la croissance est affectée par le contexte actuel de ralentissement économique et de forte inflation.

Dans le même temps, les importations depuis l’Ukraine pourraient rester élevées, notamment en Espagne, malgré l’arrêt du corridor maritime au départ de la mer Noire (pour le moment du moins). La capacité d’exportation de l’Ukraine par voie terrestre et via les ports du Danube est importante, et pourrait encore monter en puissance sur les prochains mois. L’offre devrait donc être suffisante pour alimenter le marché, même s’il persiste des incertitudes sur la récolte des pays les plus au nord de l’Union européenne.
Mais sur la base d’un niveau de récolte en légère hausse d’une année sur l’autre, les stocks de l’Union sont prévus pour rester stables par rapport à la campagne qui vient de s’achever, à un peu plus de 12 millions de tonnes. Cette situation contraste avec celle attendue au niveau mondial, plus proche de l’équilibre à la fin de 2023-2024 : les pépins climatiques qui s’accumulent devraient en effet contribuer à nettement alléger les stocks mondiaux.