Le 11 avril 2023, l’Australie et la Chine ont déclaré avoir trouvé un accord pour accélérer le processus de révision des taxes imposées par la Chine sur les importations d’orges australiennes.

La Chine avait instauré en mai 2020 une taxe de 80,5 % sur les importations d’orges australiennes à la suite de différends diplomatiques. La situation reste floue puisque le 14 avril 2023, le ministre du Commerce chinois a déclaré que la Chine allait effectivement entamer un processus de révision, mais que la décision pourrait être appliquée d’ici au 15 avril 2024 au plus tard.

© GFA - L'annonce de l'accord entre l'Australie et la Chine a rapidement pesé sur les prix mondiaux de l'orge.

Tous les scenarios restent encore possibles à ce stade pour la campagne de 2023-2024. À l’origine, la taxe devait prendre fin en mai 2025, et l’Australie a accepté de retirer sa plainte à l’OMC (Organisation mondiale du commerce) pour accélérer le processus.

Rappelons que la Chine est le premier importateur mondial du marché des orges fourragère et brassicole. En 2020-2021, elle avait importé un niveau record de 11,6 millions de tonnes (Mt), représentant 34 % du commerce mondial d’orge. En 2022-2023, elle devrait importer environ 7,7 Mt, soit un peu moins que sur les deux campagnes précédentes, à cause de la concurrence du blé.

Concurrence à l’origine France

Avant la mise en place de la taxe, la Chine avait importé 2,5 Mt d’orge d’Australie en 2018-2019. Ce niveau est tombé à zéro à partir de 2021-2022. Dans le même temps, les exportations de la France vers la Chine étaient de seulement 730 000 tonnes en 2018-2019. Elles ont ensuite atteint un record de 2,9 Mt en 2020-2021. Pour regagner des parts de marché, l’Australie s’est réorientée vers l’Arabie Saoudite, la Thaïlande, le Vietnam et les Philippines.

© GFA - Les autres importateurs avaient profité de l'absence de l'Australie pour gagner des parts de marché en Chine.

En cas de suppression de la taxe, les orges australiennes feront concurrence à l’origine française vers la Chine. Les orges françaises pourraient par conséquent revenir vers l’Arabie Saoudite, mais les besoins du pays en céréales fourragères sont moins importants qu’il y a quelques années à la suite d’une restructuration de sa filière animale. Les orges tricolores pourraient également essayer de pénétrer le marché du Sud-Est asiatique mais elles devraient dans ce cas se positionner à des prix compétitifs face au blé et au maïs. Cet élément constitue un facteur baissier pour les prix des orges.

Les orges françaises pourraient néanmoins saisir des opportunités selon le niveau de récolte de l’Australie. Ce dernier est très dépendant du niveau de pluviométrie. Or, la mise en place du phénomène climatique El Niño à partir de l’été laisse envisager des précipitations déficitaires.