Le corridor d’exportation de céréales en mer Noire a été prolongé le 18 mars 2023. Si cela a offert une « bouffée d’air aux marchés », ses effets sont « très limités », juge la Coface (Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur) dans un communiqué publié le 5 avril 2023.

La société d’assurance-crédit estime que « les graves tensions d’approvisionnement qui ont vu le jour avec le début de la guerre en Ukraine persisteront tout au long de 2023. » D’autant que le risque de rupture d’approvisionnement « est toujours présent », la prolongation ayant été confirmée pour 60 jours seulement. Selon elle, « 2023 restera une année de forte tension entre offre et demande ».

Sites de stockage détruits

Au-delà des perturbations « durables » des flux maritimes, la Coface souligne deux problématiques de long terme :

  • Les dommages aux terres arables. « Selon l’Association ukrainienne des céréales (UGA), les surfaces cultivées ont été réduites de 25 % en 2022 par rapport à 2021, et les prévisions pour 2023 sont encore plus pessimistes », relaye-t-elle. La contamination des terres liée aux bombardements menace les récoltes futures. »
  • La destruction d’infrastructures et des équipements. « De nombreuses usines chimiques ou installations de stockage indispensables à la production agricole ont été détruites. Le programme des Nations unies pour l’environnement estime ainsi que 618 sites industriels ou infrastructures critiques ont été détruites en Ukraine depuis le début de la guerre. »

Concentration des stocks

La Coface explique que « la réduction de la disponibilité des céréales pèse fortement sur certains pays très dépendants des importations notamment en Afrique de l’Ouest, en Asie du Sud-Est et en Asie centrale. » Elle pointe deux risques :

  • Le potentiel renforcement des « réflexes protectionnistes sur les produits alimentaires », à l’image de mesures qui avaient été mises en place en 2022 en Égypte ou en Inde.
  • L’accentuation de la concentration des stocks « dans quelques pays clés », notamment la Chine. Cela se fera « au détriment de la fluidité du commerce international de céréales ».