Les prévisions d’exportations de blé français vers les pays tiers sur la campagne de 2022-2023 ont été rehaussées de 300 000 de tonnes par rapport à la dernière estimation en décembre 2022. Elles atteignent ainsi 10,6 millions de tonnes, a rapporté Paul Le Bideau, adjoint au chef de l’unité des grains et du sucre lors de la conférence mensuelle organisée le 18 janvier 2023 après le conseil spécialisé des grandes cultures de FranceAgriMer.
Les blés français sont plébiscités au Maroc, et de manière plus générale dans l’ensemble des pays du Maghreb, du fait de leur compétitivité face aux autres origines. En revanche, les prévisions d’exportations vers les pays membres de l’Union européenne régressent de 90 000 tonnes par rapport à décembre, à 6,64 millions de tonnes.
Coût du fret et assurances russes
Les exportations russes restent pénalisées par des coûts d’assurance importants. Ceux-ci génèrent une « frilosité » chez certains pays, qui se détournent de cette origine, « ce qui contribue à la compétitivité des exportations européennes et notamment françaises », explique Paul Le Bideau.
En parallèle, l’Australie, dont la récolte s’annonce record, se concentre sur les marchés de l’Asie du Sud-Est. Et avec un coût du fret important, la proximité de la France avec le Maghreb joue également en faveur de ses ventes de blés. Les exportations australiennes devraient toutefois fortement progresser, mais des interrogations subsistent sur la qualité des grains : « Une part significative de la récolte pourrait être déclassée en blé fourrager du fait d’inondations au moment des moissons », fait remarquer Marc Zribi, chef de l’unité des grains et du sucre.
Compte tenu de ces éléments, les projections d’exportations de blés français pourraient-elles être revues à la hausse ? Difficile à prévoir, selon Paul Le Bideau. « La question s’est posée, mais il reste toujours beaucoup d’incertitudes sur ce marché. Les blés argentins arrivent, mais pas dans les quantités initialement imaginées. Les blés russes subissent les effets de la guerre, la demande chinoise reste à suivre, énumère-t-il. Ce qui est sûr, c’est que la demande du Maghreb est toujours dynamique. Il y a donc des volumes qui pourraient se vendre vers ces destinations, ce qui pourrait permettre de consolider ce chiffre de 10,6 millions de tonnes. »
L’euro continue de grimper
« Fait primordial à relever, le redressement de l’euro face au dollar par rapport au mois dernier et au plus bas enregistré vers la mi-septembre, à 0,96 dollar. Il est aujourd’hui autour de 1,08 dollar », souligne Marc Zribi. L’évolution de la parité est en grande partie liée aux décisions, déjà prises ou attendues, des banques centrales américaine et européenne sur les hausses de taux d’intérêt.
Cette conjoncture pourrait amener de la nuance à la compétitivité des blés français : sur Euronext, les cours sur le rapproché se sont montrés plutôt baissiers depuis le mois dernier, malgré une légère remontée à la fin de décembre, comme le résume Clémence Lenoir, chargée d'études économiques en grandes cultures. « Le renforcement de la parité euro/dollar et la compétitivité des origines mer noires en sont les principales raisons. »
Peu de débouchés en orges fourragères
À l'export, les difficultés pour trouver des débouchés aux orges fourragères françaises conduisent à une révision à la baisse des estimations d’exportations pour 2022-2023, vers les pays tiers (–50 000 tonnes) comme vers les pays membres de l’UE (–15 000). Les projections s’établissent ainsi à 5,507 millions de tonnes, selon Paul Le Bideau.
En maïs, les prévisions d'exportations de grains vers l'Union européenne sont abaissées de 50 000 tonnes, à 2,669 millions de tonnes.
En blé dur en revanche, les projections d'exportations pour la campagne de 2022-2023 sont revues à la hausse de 20 000 tonnes, à 820 000 tonnes, tirées par des ventes particulièrement importantes vers l'Italie à la fin de décembre.