Les prix du colza se sont affaissés au mois de mai 2022. Pour la récolte 2022, ils sont passés de 880 €/t (rendu Rouen ou Fob Moselle) fin avril, à 820 €/t, le 20 mai. Malgré tout, ils demeurent supérieurs de plus de 50 % à ceux du début de l’été dernier.

L’arrivée de la récolte de soja en Argentine a pesé sur les prix du soja début mai. Ce phénomène s’est produit au moment où la Chine a renforcé ses confinements, et donné des signes au marché mondial indiquant qu’elle aurait sans doute des besoins d’importations de soja un peu plus bas que prévu. Le soja a donc poussé le colza vers le bas.

En avril, le Fonds monétaire international (FMI) a revu à la baisse sa prévision de croissance mondiale pour 2022 et 2023, et relevé ses perspectives d’inflation, ce qui devrait affecter la demande alimentaire des ménages et la consommation d’huiles dans les restaurants.

Les prévisions des besoins mondiaux en huile végétale s’en sont trouvées affectées, pour l’huile de palme et de soja surtout, pesant sur l’ensemble du complexe oléagineux. Enfin, l’Indonésie a décidé de reprendre ses exportations d’huile de palme. Cette initiative a également été perçue comme un élément baissier pour le colza.

Le biodiesel sur la sellette

Le contexte européen et mondial s’annonce moins tendu en 2022-2023 que celui de la campagne passée. La production de colza va rebondir nettement dans l’Union européenne (UE), à la suite de l’accroissement des surfaces dédiées à cette culture. Grâce à la remontée de la récolte canadienne, l’UE devrait aussi pouvoir importer plus que l’an passé, et ce malgré les perspectives réduites en provenance de l’Ukraine.

Ces prévisions annoncent une remontée modérée des stocks européens de colza d’ici le début de l’été 2023, pouvant faire progressivement chuter les prix. Mais la persistance des difficultés d’approvisionnement au départ de la mer Noire en tournesol et huile devrait maintenir des tarifs élevés… À moins que l’utilisation d’huile de colza pour la production de biodiesel ne diminue fortement !

Cette question est sur le tapis désormais, contribuant probablement à l’affaissement des prix du colza au mois de mai. En effet, en réponse au fort renchérissement des carburants et pour des considérations de sécurité alimentaire, plusieurs pays européens envisagent la réduction des obligations d’incorporation d’éthanol ou de biodiesel dans les carburants, l’Allemagne en tête, dès 2023. Si cette tendance se concrétise, la demande en huile de colza et donc en graines pourrait chuter nettement.

Andrée Defois — Tallage/Stratégie Grains