Le prix du tourteau de soja a connu une grande volatilité en un an à Chicago, amplifiée sur le marché français par les problèmes de fret et le taux de change. En effet, la production mondiale n’est pas celle qui était attendue, avec des récoltes brésiliennes et argentines, toujours en cours, qui auront été affectées par la sécheresse. À cela s’ajoute le conflit en Ukraine, qui pénalise la production et les exportations de tourteaux de tournesol. « Soja et tournesol ne sont pas substituables à 100 %, mais il y a quand même une interdépendance », indique Jean-Christophe Bodénan, trader chez Cargill France.

Depuis mi-mars, les prix se sont un peu effrités, sous l’effet d’un rationnement de la demande : une tendance baissière qui se voit moins en France, avec un taux de change euro-dollar affiché à 1,05, contre 1,20 en 2021. Le prix départ Montoir se positionne autour de 540-550 €/t, contre une moyenne à long terme de 360 €.

Pour des livraisons plus éloignées, la tendance serait aussi à la baisse : 520 €/t pour septembre 2022, 500 € pour janvier 2023 et 480 € pour mars 2023. Les projections sont bonnes aux États-Unis, tant en surface qu’en rendement. « Mais entre le signal donné aux producteurs pour semer du maïs et les éventuels aléas climatiques, rien n’est acquis », signale l’expert de Cargill. Pour le Brésil et l’Argentine, le marché anticipe une récolte de 2023 dans la normale.

Compétitivité

La consommation mondiale devrait progresser durant les campagnes actuelle et la prochaine, grâce à la compétitivité du soja sur le blé. De plus, avec la guerre en Ukraine, il y aura forcément moins de tourteaux de tournesol sur le marché.

En France entre la grippe aviaire, la crise du porc et le prix du lait, la filière animale est en difficulté. « On s’attend à avoir moins de demande en alimentation animale mais, sur ce volume, davantage d’incorporations de soja, ce qui annulerait les deux effets », complète Jean-Christophe Bodénan.

Charlotte Salmon