Après le pic en mars à 930 €/t rendu Saint-Nazaire pour le tournesol standard, le prix de cette qualité s’est affaissé doucement (800 €/t fin avril), tout en restant bien au-delà des niveaux d’avant la guerre en Ukraine (600 €/t environ). Le prix du tournesol en France reste toujours très soutenu à cause du manque d’huile ukrainienne.
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Un flux terrestre régulier depuis l’Ukraine
Néanmoins, la tension diminue très légèrement pour les graines dans l’Union européenne. Pourquoi ? Grâce à un flux d’exportation régulier, par voie terrestre, qui s’est mis en place au départ de l’Ukraine via les frontières de l’ouest du pays (Roumanie, Pologne et Moldavie).
La situation logistique est tout de même très compliquée (réduction de la capacité ferroviaire de l’Ukraine par la guerre, files d’attentes très longues, manque de camions/wagons), et les quantités exportées ne représentent qu’un faible pourcentage des flux habituels.
La Russie vient d’imposer un quota à ses exportations d’huile de tournesol du 15 avril au 31 août. Cela ne change pas grand-chose à la situation mondiale car ses exportations étaient déjà prévues plus basses que le quota.
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Tensions encore en vue
On observe un beau sursaut ce printemps des surfaces ensemencées en tournesol dans l’Union européenne : le rebond pourrait être de 7 % par rapport à l’an dernier. La production européenne est attendue en hausse (+ 0,3, à 10,6 millions de tonnes).
Cela devrait permettre un accroissement de la trituration, soutenue par des marges industrielles record. Mais cet accroissement ne sera que modéré (pas plus de 2 %), malgré une maximisation de la capacité européenne de trituration du tournesol.
Du côté ukrainien, malgré de bonnes progressions des semis en avril, les surfaces de tournesol pourraient chuter de plus de 40 % par rapport à l’an passé, freinées par les combats et le manque d’intrants. La récolte nationale est prévue en très forte baisse à 8,7 millions de tonnes, contre 15,1 en moyenne quinquennale.
L’Ukraine pourrait toutefois augmenter légèrement sa trituration en 2022-2023 (si la guerre se termine d’ici septembre), grâce à des stocks de graines très élevés début août 2022 à cause de l’arrêt partiel de ses usines depuis le début de la guerre. Elle restera néanmoins loin d’une situation normale, sans pouvoir alimenter comme d’habitude le marché mondial de l’huile de tournesol.
Les importations d’huile de l’Union européenne en 2022-2023 vont en pâtir. Ainsi, malgré la hausse de la production locale, le marché de l’huile de tournesol de l’Union européenne sera encore en déficit l’an prochain.