La guerre en Ukraine tend considérablement le marché du maïs, qui se trouve sevré d’une source d’approvisionnement majeure. En effet, le pays est le quatrième exportateur mondial de cette céréale (33,5 millions de tonnes prévus avant l’invasion). Il est aussi le premier fournisseur de l’Union européenne (UE). Cette dernière en importe 18 millions de tonnes par campagne, dont 55 % proviennent d’Ukraine, soit environ 10 millions de tonnes.

Sur la fin de campagne jusqu’en juin, il reste à cet Etat un disponible exportable de 15 millions de tonnes. Mais cela ne peut pas être exporté du fait de l’absence de trafic en mer Noire. Quelques flux mineurs (300 000 t environ à ce jour) devraient être acheminés par train jusqu’en Pologne.

Alternatives

Le Benelux et l’Espagne sont les plus touchés par l’impossibilité d’exporter d’Ukraine (2,9 millions de tonnes importées par an par les Pays-Bas, 2,8 millions de tonnes par l’Espagne, 1,4 million de tonnes par la Belgique). « D’autant plus qu’ils ont généralement très peu de stocks », appuie Arthur Boy, chargé de mission à l’AGPM (1).

Ils sollicitent ainsi d’autres origines pour leurs achats d’urgence, comme par exemple la Roumanie et la France, dont les prévisions d’exportation vers l’UE à 27 ont été relevées en mars par FranceAgriMer à 5,05 millions de tonnes pour la campagne 2021-2022 (+ 220 000 t par rapport à février). Mais il reste 5 millions de tonnes à trouver pour boucler la campagne. Les pays européens importateurs devraient se tourner vers le Canada et les États-Unis, mais les délais de traversée sont d’un mois contre quinze jours depuis la mer Noire.

Autre solution : importer depuis l’Amérique du Sud. Toutefois, le maïs brésilien destiné à l’exportation (safrinha) ne sera disponible qu’à partir de juin-juillet 2022. Quant à l’Argentine, elle n’exporte plus de maïs pour l’alimentation animale dans l’UE du fait de restrictions sanitaires. Un relèvement temporaire du taux maximum de résidus de pesticides autorisé pourrait être avalisé par Bruxelles.

Isabelle Escoffier

(1) Association générale des producteurs de maïs.