Bien que la consommation de gasoil décline dans l’Union européenne (UE) à cause de la chute des ventes de nouveaux véhicules diesel, les taux d’incorporation obligatoire en biodiesel grimperont en 2020 dans plusieurs pays de l’UE (Allemagne, Espagne, France, Italie, Pays-Bas et Irlande notamment). La directive révisée sur l’énergie renouvelable, actée en décembre 2018, prévoit que la part des biocarburants issus de cultures destinées à l’alimentation humaine et animale (communément appelés de première génération) pour la période 2021-2030 pourra dépasser d’un point celle constatée en 2020 (dans la limite de 7 %, en part d’énergie).
En conséquence, plusieurs États membres ont stratégiquement décidé de maximiser le taux d’incorporation obligatoire en 2020 afin de bénéficier de cette dernière la plus élevée possible sur les dix ans à venir. Cela correspond à une volonté de soutenir le secteur agricole via la demande industrielle. Pour répondre à celle-ci, croissante, les usines de production de biodiesel vont accroître l’utilisation de leurs capacités sur les prochains mois.
Tension en vue sur le marché des huiles
Résultat de cet accroissement des utilisations : les estérificateurs vont devoir trouver des volumes additionnels d’huiles végétales ou de graisses et d’huiles usagées. En particulier, la demande européenne en huile de colza connaîtra un coup d’accélérateur en 2020-2021. Ce ne sera pas chose simple d’y faire face : la faiblesse des prix tempère actuellement les marges de trituration pour la nouvelle campagne, et cela n’apparaît pas très incitatif pour les triturateurs. Dans l’UE, les prix des graines de colza ont chuté récemment mais moins que ceux des huiles. Ainsi, on note une dégradation des marges industrielles, dans un environnement où le pétrole pèse sur les huiles, tout comme le ralentissement économique et les incertitudes de la consommation humaine liées à la propagation du coronavirus.
De surcroît, la production de graines de colza ne se relèvera pas beaucoup en 2020 dans l’UE, après des semis dans des conditions trop sèches, la douceur de l’hiver, les attaques de parasites puis les excès d’eau actuels. De ce fait, les prix européens de l’huile de colza sont attendus en forte hausse d’ici l’hiver 2020-2021, période de hausse saisonnière d’utilisation pour la production de FAME-10 (biodiesel compatible avec les températures négatives). Les biocarburants de première génération sont encore, temporairement certes, sur le devant de la scène.