Fraîchement élu, le nouveau secrétariat national de la Confédération paysanne est revenu sur ses ambitions pour les deux années à venir. « Face aux difficultés qu’affrontent les paysans, la Confédération paysanne a l’ambition de proposer une issue à tous. Nous souhaitons continuer à défendre et à représenter tous les paysans, a promis Laurence Marandola, nouvelle porte-parole du syndicat et éleveuse de lamas et productrice de plantes aromatiques dans l’Ariège. Il faut faire évoluer les politiques publiques agricoles et alimentaires au service des paysans et de la société, et pas au service exclusif du marché. »

Remplacer les départs en retraite

Premier gros dossier sur lequel le syndicat va poursuivre le combat : le renouvellement des générations. « On se donne l’objectif que chaque départ soit remplacé dans les deux ans qui viennent puis d’inverser la courbe pour être plus nombreux », indique Laurence Marandola. La Confédération paysanne avait par ailleurs formulé l’ambition d’installer 1 million de paysans d'ici à une trentaine d'années.

Alors que les concertations dans le cadre du pacte et de la loi d’orientation agricoles s’achèvent progressivement, le syndicat souligne un pilotage compliqué, qui n’aurait pas permis d’avancer réellement sur les sujets. « Le groupe de travail sur l’installation et la transmission parle de diversité de profils à l’installation et de pluralité dans l’accompagnement. Ce sont des idées intéressantes », souligne toutefois la nouvelle porte-parole.

« Mais il n’y aura pas de paysan sans préservation et répartition des communs : comme le foncier, l’eau ou la biodiversité », alerte-t-elle.

Prioriser les usages de l’eau

Le syndicat se dit notamment inquiet par la proposition de loi sénatoriale pour provoquer un choc de compétitivité à la ferme France. « La compétitivité ne peut pas être traitée uniquement par l’aspect du prix. Cette vision-là détruit les paysans, souligne Laurence Marandola. Ce projet de loi signifie de nombreux reculs sociaux et environnementaux. S’il venait être voté, il fragiliserait grandement la possibilité de produire durablement. »

La Confédération paysanne s’inquiète notamment de l’amendement permettant de considérer d’intérêt général les ouvrages de stockage de l’eau. « Il faut améliorer son stockage plutôt qu’organiser le pillage, insiste Nicolas Fortin, secrétaire national originaire de la Vienne. Il est nécessaire de prioriser les usages. »

« C’est un vrai sujet de société, poursuit Laurence Marandola. On ne veut pas juste défendre les paysans. On ne peut pas prendre des décisions sur des grands sujets en ne regardant que les paysans et en mettant à l’écart les citoyens. » Le syndicat assure qu’il reste mobilisé sur le sujet des bassines. « On continuera à agir, assure la nouvelle porte-parole. On se questionne sur la stratégie, il y a un avant et un après Sainte-Soline. […] On a confirmé le besoin de convergences avec d’autres acteurs. »