Lors de son congrès à Muzillac, en avril dernier, la Confédération paysanne proclamait « l’urgence d’un revenu pour les paysans » – c’était notamment le titre du rapport d’orientation adopté à l’unanimité. Au début de 2018, si le syndicat ne devait formuler qu’un vœu, ce serait celui-là : que ce droit à un revenu décent pour tous les paysans se concrétise dans une loi.
Négo commerciales : toujours le rapport de force
À ce sujet, le syndicat en attendait beaucoup des États-généraux (EGA), mais émet aujourd’hui « de sérieux doutes », voyant une rupture entre un discours de Rungis qui avait plu, et une loi en cours d’élaboration qui semble apporter peu de garanties.
Selon Nicolas Girod, secrétaire national en charge des EGA, la définition du seuil de revente à perte dans le texte en préparation laisse à désirer. Et surtout, « le seuil de revente à perte et l’encadrement des promotions, c’est très bien, mais on ne dit pas comment on fait redescendre la VA (ndlr : valeur ajoutée) vers le producteur ! »
Quant à l’inversion de la construction du prix, là encore, l’intention est bonne mais le projet de loi laisse à désirer. D’une part, parce que les indicateurs liés au coût de revient seront pris en compte, mais sans être priorisés par rapport aux indicateurs liés au marché. Et surtout, parce que « les négociations commerciales continuent à se dérouler dans un rapport de force ». Le syndicat, réclame « que l’État joue un rôle d’arbitre, et non de simple médiateur, en sanctionnant ceux qui ne jouent pas le jeu ».
Insister sur la montée en gamme
Autre regret lié à la loi issue des EGA : la transition agricole, orientée vers la montée en gamme et la reconquête de marchés plus rémunérateurs, n’est « pas assez prise en compte ». Et surtout, « les plans de filière s’élaborent avec des objectifs de production – des volumes – mais pas des objectifs de producteurs et de dynamique des territoires », critique encore Nicolas Girod.
La Confédération paysanne avait pu exposer toutes ses doléances le matin même devant Audrey Bourolleau, conseillère agricole du président Macron. Satisfait de l’écoute qu’il a à l’Élysée, le syndicat se désole de ne « pas voir les choses avancer autant » rue de Varenne…
Une Pac pour la transition
Si la suite des EGA est un chantier majeur de cette année, la prochaine Pac en est un autre, également crucial pour le revenu des paysans. À elle aussi de prendre en compte ces objectifs de transition agricole, a souhaité le porte-parole national Laurent Pinatel. Et de souligner, une fois de plus, le besoin d’un budget ambitieux et la nécessité de garder une approche commune. Voire de l’améliorer, ne serait-ce que sur l’harmonisation de l’encadrement des phytos.
Au-delà du revenu, le syndicat a d’autres attentes pour 2018 : un plan loup qui reconnaisse la valeur de l’agropastoralisme et protège enfin les éleveurs, une aide au répit reconduite, des avancées sur les alternatives au glyphosate mais aussi aux phytos en général, une agro-industrie qui arrête de « snober » ses fournisseurs, un foncier préservé du béton et de l’appétit des « accapareurs »…
Finalement, des vœux pour 2018, le syndicat en a à la pelle… Des vœux, mais aussi de la volonté : celle de se battre, pas seulement pour gagner les élections aux chambres d’agriculture « qui vont forcément rythmer l’année », mais pour défendre l’ensemble des paysans, précise Laurent Pinatel. Car il en est convaincu : « Les paysans ont besoin de la Conf’, alors la Conf’ sera là pour eux. »