« La Pac est en cause dans la crise généralisée que vit l’agriculture, accuse le syndicat dans le communiqué de presse diffusé ce 16 novembre 2016. L’élevage est mis en danger et risque de l’être davantage avec la révision du zonage de l’ICHN dans les zones défavorisées simples. LA Pac 2020 semble, pour le moment, se diriger vers une politique au service des intérêts privés, avec une place très importante prévue pour les assurances. Ce n’est pas le rôle d’une politique publique ! »
Un procès parodique
Fidèle à ses revendications, le syndicat attend de la Pac qu’elle « assure la régulation, la maîtrise et la répartition des productions. Cette politique doit soutenir l’emploi paysan et rétribuer les fonctions sociales, sociétales et environnementales de l’agriculture paysanne. Elle doit être non seulement agricole mais aussi alimentaire pour répondre aux enjeux d’emploi, de santé publique, et de dynamique des territoires, au service de la société dans son ensemble. »
« On a cru, au départ, que la nouvelle Pac allait réorienter ses aides vers des systèmes moins intensifs, revenir à des fondamentaux tels qu’assurer l’autosuffisance alimentaire de l’Union européenne, produire de la qualité et participer au développement des territoires ruraux, a dénoncé le syndicat, qui dénombrait 200 militants à ce procès. Mais […] on a vu que les « petits » étaient éliminés des aides de la Pac qui continuent à être concentrées sur ceux qui sont déjà les plus favorisés. »
« L’agroalimentaire a pris le pas sur l’agriculture »
Pour Laurent Pinatel, le porte-parole du syndicat, « la course à l’optimisation des aides, à l’individualisation des pratiques contre les dynamiques collectives […] » ont démontré que « le ministère de l’agroalimentaire a pris le pas sur le ministère de l’Agriculture. Les paysans ne sont que des producteurs de matières premières à bas coût au service de l’industrie agroalimentaire », a-t-il déploré.
Pour les syndicalistes, la Pac « portait » pourtant au tournant des années 1950-1960 « de grandes ambitions, telles qu’assurer un niveau de vie décent aux paysans […] tout en permettant de nourrir l’Europe… Puis il y a eu les années de surproduction, et ce tournant en 1992 : on n’allait plus soutenir les prix, mais soutenir les surfaces », ont-ils fait valoir, estimant que « les espaces agricoles sont devenus des espaces de spéculation ».
Un quart des exploitations avec un résultat négatif
« La Pac ne répond pas aux enjeux d’emplois, puisqu’elle aide le capital plutôt que le travail, a affirmé pour sa part l’enseignante-chercheuse et agroéconomiste, Aurélie Trouvé. Elle n’assure pas un revenu décent, un quart des exploitations ont eu un résultat négatif l’an passé. Elle est incapable de répondre à la question des prix aux consommateurs, qui stagnent alors que les prix payés aux producteurs s’effondrent. »
Cette audience, qui s’est tenue sous la Halle aux grains, avait été organisée en réponse au procès prévu dans l’après-midi au tribunal correctionnel après une plainte en diffamation déposée par le président de la chambre d’agriculture ariégeoise contre deux représentants de la Confédération paysanne locale. Cette audience a été reportée au 7 février prochain.