Dans un contexte d’amélioration des prix de vente des bovins, en particulier celui des broutards, la hausse se traduit-elle dans les résultats économiques des exploitations ?
Cela varie selon les systèmes de production, explique une étude du réseau d’élevages Inosys de l’Idele (Institut de l’élevage) sur les revenus de 2024 des éleveurs de bovins à viande, présentée le 24 mars 2025. Il en ressort que 2024 a été clairement plus favorable aux systèmes herbagers, avec des « revenus en élevages spécialisés en bovins à viande et herbagers qui se maintiennent depuis trois ans à des niveaux jamais connus sur la décennie, grâce à une conjoncture porteuse pour les bovins à viande ».
A contrario, « quand la part des cultures de vente est significative, la diminution du revenu est marquée par la baisse des prix des grains et des rendements hétérogènes ». Pour les naisseurs-engraisseurs de veaux sous la mère, « la situation demeure toujours tendue ».
Net rebond pour les naisseurs-engraisseurs spécialisés
Les résultats économiques des éleveurs spécialisés en bovins à viande, c’est-à-dire sans grandes cultures, s’améliorent en 2024. En moyenne, le résultat courant par unité de main-d’œuvre (exprimé en €/UMO) progresse de 5,5 % sur un an, boosté par le produit des ventes de bovins à viande (+7,6 %), lui-même « soutenu par l’embellie du prix du maigre ». De plus, les charges opérationnelles reculent (–2,1 %), grâce au « repli salutaire des prix des intrants ». Cependant, les conditions météo très humides ont parfois entraîné des difficultés de récoltes des fourrages, pouvant nécessiter une compensation de l’alimentation dans certaines zones, à cause de leur « qualité moyenne », détaille l’Idele.
Les revenus des naisseurs spécialisés herbagers, ainsi que des naisseurs-engraisseurs de jeunes bovins spécialisés sont les plus élevés, estimés respectivement à 33 600 €/UMO, en légère hausse, et 30 600 €/UMO. Pour les naisseurs-engraisseurs spécialisés en particulier, l’augmentation des prix de vente de la viande entraîne un bond de 10 000 € du résultat courant par rapport à l’année précédente. Cependant, « les charges opérationnelles diminuent moins sur ces exploitations que pour les autres systèmes, en raison de la mauvaise qualité des fourrages », précise l’Idele.
Pour les éleveurs naisseurs en montagne ou zone pastorale, le revenu progresse aussi, estimé à 26 000 €/UMO, et supérieur aux résultats de la dernière décennie. Le réseau Inosys évalue une légère hausse du résultat pour les naisseurs spécialisés ayant moins de 95 % de leur surface fourragère principale en herbe, évalué à 19 200 €/UMO.
Les revenus sont les plus faibles pour les éleveurs de veaux de lait sous la mère, à 13 900 €/UMO (+1 500 €/UMO sur un an), « malgré la hausse des cours des veaux ».
En polyculture, la partie végétale est défavorable
Pour les systèmes de polyculture-élevage, la situation financière est impactée par les rendements et prix en baisse des grandes cultures (–22,9 % en produit des ventes sur un an), que ne permet pas de compenser le produit des ventes de viande bovine, dont le prix évolue peu (+1,5 %). Les exploitations perdent en revenu courant : en moyenne –8,4 % sur un an.
Toutefois, les régions ne sont pas impactées de façon égale. Le Grand Est et l’Occitanie semblent avoir été épargnés, alors que les rendements des cultures sont particulièrement faibles dans les Pays de la Loire. Ce contexte engendre de plus grands écarts de revenus au sein d’un même système d’élevage.
Pour les naisseurs ayant une part significative de grandes cultures sur l’exploitation, les revenus — estimés à 15 600 €/UMO — avoisinent ceux de l’année précédente, mais sont bien inférieurs aux plus hauts connus lors des années 2021 et 2022.
Le résultat courant recule fortement pour les naisseurs-engraisseurs avec grandes cultures. Évalué à 23 700 €/UMO, il subit également la hausse importante des cotisations sociales liées aux résultats précédents plus élevés.
Des charges opérationnelles en repli
Toujours selon l’étude du réseau Inosys sur les élevages de bovins à viande, 2024 reste marquée par la montée des prix des broutards au cours de l’année : de +12,5 % à +23,3 % en fonction des races pour les ventes de l’automne. Le prix des gros bovins, « en très légère hausse pour les jeunes bovins », est quant à lui resté relativement stable sur un an.
L’année 2024 témoigne également d’un contexte sanitaire particulier, lié aux épidémies de MHE et FCO. L’Idele note des impacts différenciés selon les régions, à la fois sur la mortalité des animaux mais aussi les performances de reproduction et de croissance.
L’analyse économique des résultats des exploitations montre des charges opérationnelles en repli, notamment celles liées aux engrais, carburants et aux aliments achetés. Du côté des charges de structure, elles grimpent modérément sur un an. Enfin, certaines aides conjoncturelles de 2023 liées à l’Ukraine et aux conditions météorologiques n’ont pas été reconduites en 2024.