La gestion technico-économique (GTE) est un outil composé de baromètres mesurant l’efficacité économique des ateliers laitiers. L’indicateur de référence est la marge sur coût alimentaire (MCA) qui se calcule en déduisant les charges alimentaires des vaches aux recettes laitières (produit lait et viande – dépenses alimentaires du troupeau).

« La MCA reflète l’efficience des performances technico-économiques de l’élevage c’est-à-dire la capacité à optimiser des résultats techniques et à générer des plus-values par rapport à une dépense alimentaire engagée », explique Arnaud Frin, responsable du service économie système d’Eilyps group. Autrement dit la cohérence entre l’alimentation et la production.

Marge par vache

La MCA est exprimée en euros par vache laitière (VL= vache traite + tarie) et par jour. « On ramène tout à la vache car c’est l’élément qui fait le lien entre toutes les composantes du système de production indique le consultant. Pendant longtemps, le quota était le facteur limitant, aujourd’hui ce n’est plus le cas. C'est plutôt la surface, le bâtiment ou la main d’œuvre. L’indicateur à la vache est donc la mesure la plus parlante pour les éleveurs. »

Par exemple, lorsque la SAU (surface agricole utile) équivaut à la SFP (surface fourragère principale), le producteur est à 5 vaches près car sinon il ne pourra pas nourrir tout le monde. Il en est de même pour la main d’œuvre, en cas de saturation, 5 vaches supplémentaires changent la donne. 

Adapter sa stratégie

La MCA est très influencée par l’évolution du prix du lait, de la viande, des réformes, des veaux et de l’aliment. Or en un an, le prix du lait a augmenté d’environ 100 €/1 000 litres, et celui des vaches de réformes de 500 €. Dans le même temps, la tonne d’aliment affiche + 200 €/T. Dans ces conditions, beaucoup d’éleveurs s’interrogent : faut-il continuer à produire autant de lait ? Faut-il acheter moins d’aliment ?

« La MCA convertit en euros les performances techniques. La calculer permet donc, à tout moment, d’adapter la stratégie de l’élevage en fonction de l’évolution des prix et de des objectifs définis au préalable » détaille le consultant. « Cet indicateur aide l’éleveur à raisonner ses choix techniques en préservant la cohérence de son système de production et à déterminer les objectifs à atteindre. Le fait de pouvoir se positionner et se comparer à un groupe technique (races, grand troupeau, robot …) permet à l’éleveur de conforter ses choix, de les ajuster ou de trouver des pistes d’amélioration. »

Deux leviers

« En élevage laitier, les produits lait et les charges alimentaires sont les deux principaux leviers, réactifs et disponibles au quotidien. C’est pourquoi, il faut les surveiller comme le lait sur le feu ! » alerte Arnaud Frin. La MCA donne une vision réelle et immédiate de la cohérence technico-économique. C’est l’autre gros intérêt de la GTE. Il est possible de faire des points d’étapes réguliers (mois, trimestre, semestre…) sans attendre la clôture comptable. C’est d’autant plus important dans le contexte d’instabilité actuel.

Fort impact sur le revenu disponible

La GTE peut aussi être plus complète et aller plus loin que le suivi de la MCA pour aller jusqu’au solde disponible pour rémunérer la main d’œuvre de l’atelier et permettre une marge de sécurité. « Ce critère a aussi pour intérêt de mesurer le bénéfice de son travail après avoir impacté le coût de production aux résultats des performances du moment. En cas de coût de production très élevé, en lien avec des amortissements importants, une bonne MCA par rapport au groupe peut ne pas suffire. Malgré tout, l’amélioration de ce critère permettra de tendre vers plus de rentabilité économique. L’étude des stratégies gagnantes, menée par Eilyps en 2021 a montré que l’amélioration de la MCA est le critère qui favorise le plus le revenu disponible » conclut le consultant.