Pour s’en sortir, il faut être au moins aussi compétitif que ses concurrents. Et en termes de coût du travail saisonnier, les agriculteurs français ont des boulets aux pieds face à leurs collègues espagnols, italiens ou allemands. C’est bien pour cette raison qu’arboriculteurs, maraîchers ou viticulteurs n’ont pas « lâché le morceau » en poursuivant leurs manifestations, afin qu’une solution soit trouvée à la suite de la suppression de l’exonération de charges pour les travailleurs occasionnels (TO-DE). Car l’application de l’allégement général des charges sociales au secteur agricole au 1er janvier 2019 ne peut suffire à compenser cette suppression. De nouvelles propositions sont attendues.

Dans l’Union européenne, on est d’ailleurs loin d’une harmonisation fiscale ou sociale. Il faut donc renforcer les armes avec lesquelles on se bat et conforter les exploitations agricoles. Dans ce domaine, un certain nombre de mesures fiscales, annoncées par le Premier ministre pour l’agriculture, vont dans le bon sens. Notamment la nouvelle déduction pour l’épargne de précaution, qui sera plus simple et plus souple d’utilisation, laissant aux exploitants une réelle latitude.

Mais pour utiliser valablement nombre de dispositifs fiscaux, il faut gagner de l’argent. Et c’est sur ce point que le gouvernement est attendu avec la loi sur l’agriculture et l’alimentation, adoptée cette semaine. La promesse de prix justes sera difficile à tenir en confiant aux acteurs des filières l’établissement des indicateurs de coûts de production servant à construire les prix. Car si le ministre de l’Agriculture fait le pari « du consensus », il est à craindre que les agriculteurs ne soient perdants, vu le déséquilibre dans les rapports de force. Trois ordonnances devant contribuer à un meilleur partage de la valeur ajoutée doivent aussi être publiées au plus vite. Mais en cas de dérapage sur les prix, quelles seront les dispositions prises par le gouvernement, et avec quelle fermeté ? Les prochaines négociations commerciales seront en la matière un test grandeur nature.