Les méligèthes se sont réveillés tôt cette année à la faveur des conditions climatiques printanières de la dernière décade de février (T°> 15°C), a observé Terres Inovia. Les colzas sont donc à surveiller car les populations peuvent être parfois déjà importantes même sur des petits boutons (de 2 à 3 mm) particulièrement sensibles aux dégâts. Le retour d’un temps agité depuis une semaine n’est pas favorable à de nouveaux déplacements importants de méligèthes mais la surveillance est de rigueur.
Les stades des colzas sont variables selon les parcelles. Certains atteignent le stade sensible D1 (boutons accolés encore cachés), voire D2 (inflorescence principale dégagée). Dans les parcelles les plus avancées, les premières fleurs sont observables, notamment dans le Poitou-Charentes et à l’Ouest, la Région Centre-Val de Loire.
La surveillance du colza vis-à-vis des méligèthes commence à D1 et se poursuit jusqu’à F1.
Le colza peut compenser
Les règles de décision de lutte contre les méligèthes visent à maintenir la population à un niveau acceptable pour que la floraison puisse s’engager franchement et que les capacités de compensation puissent s’exprimer. La gestion de ce ravageur ne vise pas à l’éradiquer mais plutôt à bien mesurer le risque : faut-il intervenir ou ne pas intervenir ?
La particularité des méligèthes réside dans le fait qu’ils provoquent des perforations dans les boutons floraux. À cette période du cycle, les capacités de compensation de la culture peuvent être importantes.
Plus la culture est vigoureuse et saine, plus elle peut supporter la présence de méligèthes, même abondante. Plus la culture est chétive, stressée ou se développant dans un milieu sous contrainte (réserve utile, disponibilité en azote, enracinement défaillant, dégâts de ravageurs : larves d’altise, piqûre de charançon de la tige…), plus elle sera sensible à ce stade. L’observation de l’état du colza est donc aussi primordiale que l’observation du ravageur.
La présence d’une variété très précoce (exemple : ES Alicia ou Troubadour) en fleur permet de limiter le risque de dégâts mais n’exclut en rien une surveillance ! Cette année, plus que l’an passé, les écarts de précocité se marquent bien entre ces variétés très précoces et les variétés couramment cultivées (exemple : Architect, Cristiano KWS, DK Expansion, DK Exception…).
Cette pratique permet de maîtriser certaines attaques faibles à moyennes. En cas de fortes attaques, au-delà des seuils décrits ci-dessous sur les plantes d’intérêt, un contrôle des populations de méligèthes peut se justifier.
Intervenir au-delà de 6 à 9 méligèthes par plante
Il est recommandé pour un colza vigoureux (sain, bien implanté, dans un sol profond et en l’absence de stress printanier significatif) d’attendre le stade E et d’intervenir uniquement après que le seuil de 6 à 9 méligèthes par plante est dépassé. En effet, dans le cas d’une attaque précoce dans un contexte favorable, le colza a le temps de compenser en multipliant le nombre d’inflorescences au niveau des hampes secondaires. Le comptage se fait sur une moyenne de plantes consécutives : 4 × 5 plantes ou 2 × 10 plantes.
En revanche, si le colza n’est pas vigoureux en sortie d’hiver (petits colzas dus aux levées tardives, infestations larvaires, attaque de charançon de la tige…) et/ou si les conditions environnementales sont défavorables aux compensations (températures faibles, plantes stressées en eau à floraison, dégâts parasitaires antérieurs de type larves d’altises, charançons du bourgeon terminal ou orobanche par exemple), il faudra surveiller les méligèthes dès l’apparition des boutons et intervenir après que le seuil est atteint ou dépassé. Il est important de ne pas intervenir trop rapidement afin de toucher le maximum d’insectes lors de l’application.
Attention aux résistances aux pyréthrinoïdes
Les analyses réalisées lors des précédentes campagnes montrent des populations de méligèthes le plus souvent résistantes aux insecticides de la famille des pyréthrinoïdes, à l’exception du tau-fluvalinate et de l’étofenprox. Les autres produits homologués parmi les autres familles chimiques permettent d’assurer un contrôle satisfaisant des méligèthes.
Une utilisation raisonnée de ces solutions est indispensable. Il est donc conseiller de lire attentivement les étiquettes et la documentation disponible et de respecter les recommandations d’emploi. Pour ceux qui ont déjà utilisé les organophosphorés seuls ou en association, ne pas oublier que le nombre d’application est limité par campagne.
Les substances actives efficaces sur méligèthes (résistants ou non) sont les suivantes :
- l’étofenprox (Trebon, Uperrcut),
- le tau-fluvalinate (Mavrik Flo, Talita),
- l’indoxacarbe (Steward, Explicit EC),
- la pymétrozine (Plenum 50 WG),
- les organosphosphorés seuls (Boravi WG, Reldan 2M) ou en association (Daskor 440).