«Produire au moins 25 millions de litres sur tout le territoire », telle est l’ambition affichée du plan de filière issu des États généraux de l’alimentation. À la suite de la crise de surproduction laitière après la fin des quotas, les industriels français sont devenus prudents, bien que la contractualisation ait limité l’envolée de la collecte.

« Le fait que certains élevages en grave difficulté n’aient pas été refinancés n’est pas nécessairement une mauvaise nouvelle, considère Gérard Calbrix, directeur des affaires économiques à l’Atla. En tout premier lieu car cela a mis fin à des situations humaines dramatiques. D’autre part, ce sont des volumes excédentaires en moins à gérer. Lorsqu’un transformateur a peu d’excédents, il améliore sa rentabilité et le prix du lait au producteur. En Allemagne, la laiterie DMK a perdu plusieurs millions de litres de collecte l’an passé. Elle semble, tout comme ses producteurs, bien mieux se porter depuis. »

« Projets entravés »

Danone a été l’un des premiers transformateurs à entériner une baisse de la production laitière avec ses organisations de producteurs (OP). En janvier 2016, l’industriel a accepté d’intégrer les coûts de production dans la formule du prix du lait, en échange d’un engagement des OP à réduire la production laitière de 2 % par an.

Mais en novembre 2017, l’OP Danone Sud-Est (450 producteurs) a saisi le médiateur des relations commerciales, reprochant à l’industriel de vouloir accélérer la baisse de la collecte. Jean-Robin Brosse, son président, évoque « des courriers envoyés directement aux éleveurs ayant produit moins de 85 % de leur référence lors de la campagne passée, les incitant à réduire leurs livraisons, sans consulter l’OP », et relève « l’impossibilité pour d’autres éleveurs de recevoir des volumes supplémentaires, entravant des projets d’installation et de développement ».

Chez Lactalis, « l’entreprise souhaite réduire la collecte de l’ordre de 10 % sur les cinq prochaines années, affirme Claude Bonnet, président de l’Union nationale des éleveurs livreurs Lactalis (Unell). Nous prévoyons 5 à 6 % de cessations sur cette période. Seule une partie des volumes libérés servira à abonder les élevages souhaitant augmenter leur production ».

Du côté de Sodiaal, les volumes de consolidation et de développement ont été gelés sur tout l’été 2018. En conclusion de l’assemblée générale de la coopérative en juin dernier, Damien Lacombe, son président, exprimait même à l’attention de ses homologues européens « la nécessité de partager une régulation collective en cas de déséquilibre ».