«Aujourd’hui, nos interlocuteurs, ce sont les organisations de producteurs (OP) », martèle Robert Brzusczak, président de la Fnil. Depuis leur reconnaissance officielle en 2012, les OP se sont ancrées dans le paysage. Ou presque. Le 6 juillet dernier, un communiqué annonce la création d’une structure nationale des OP laitières, regroupant trois associations d’organisations de producteurs et six OP, verticales comme horizontales (voir infographie ci-contre).

Car le constat est amer. « Les organisations de producteurs ont jusqu’à présent du mal à faire leur place, reconnaît Claude Bonnet, président de l’Union nationale des éleveurs livreurs Lactalis (Unell). Cette nouvelle structure n’a pas l’ambition d’interférer dans les négociations entre les OP et leurs collecteurs, mais de porter leur message d’une seule et même voix sur le plan national. » Son objectif est clair : « Entrer à l’interprofession (Cniel), au même titre que les acteurs de la distribution ».

Si le Cniel envisage dans le plan de filière « le pilotage d’un réseau d’OP », leur intégration dans l’interprofession n’est pas à l’ordre du jour. « Les OP doivent d’abord trouver une vraie force économique », estime Thierry Roquefeuil, président du Cniel.

Pour Véronique le Floc’h, présidente de l’Organisation des producteurs de lait (OPL, branche lait de la Coordination rurale), « les OP sont trop nombreuses. Un regroupement est nécessaire, a minima par bassins de production. »

« Garder une pluralité »

Guillaume Favoreu, expert en conseil aux entreprises agricoles au sein du cabinet Optimes, est plus nuancé. « Un trop grand regroupement est dangereux. Afin d’échanger des réflexions, tenir compte des spécificités de certaines laiteries et conserver de la souplesse dans les négociations, il faut garder une certaine pluralité. »

La prise en charge de la facturation, défendue par France Milk Board pourrait être un levier pour peser davantage. Mais dans la négociation de ses accords-cadres, l’OP transversale se confronte aux réticences de ses partenaires industriels.

En agriculture biologique, Biolait a réussi le pari d’être une OP commerciale, dans un contexte de marché porteur. Pour la filière conventionnelle, Jehan Moreau, directeur de la Fnil, se veut prudent. « Les OP commerciales ne sont pas capables de valoriser les excédents de collecte, n’étant pas propriétaires d’outils industriels. Le risque serait un effondrement du prix du lait et de la collecte en cas de surproduction. Tout l’enjeu réside dans la rédaction du contrat commercial avec les partenaires industriels. »