Voilà plus d’un an que les premiers contrats laitiers entre producteurs et transformateurs, signés en 2012, sont arrivés à échéance. Pourtant, nombre d’OP ne les ont pas renouvelés. Principal point de blocage : la détermination d’une formule de prix. Pour l’heure, le prix du lait est entériné au gré d’accords ponctuels, au mieux sur un semestre, au « pire » sur un mois.
Deux variables agitent les négociations : l’intégration des coûts de production, et les évolutions de marchés liés aux mix-produits des entreprises. Autant d’indicateurs que l’interprofession (Cniel) s’est engagée à fournir, conformément au plan de filière issu des États généraux de l’alimentation (EGA). Toutefois, ni la méthode commune de calcul des coûts de production, ni les indicateurs de valorisation à l’export n’ont émané de la maison du lait, tandis que la détermination d’une valeur de référence des produits de grande consommation (PGC) sur le marché français est confrontée aux réticences des transformateurs (lire p. 62).
S’agissant de la prise en compte des coûts de production, Olivier Allain, coordinateur des EGA, estime que « cela doit s’appliquer uniquement sur les volumes destinés au marché intérieur, pour ne pas grever la compétitivité à l’export ».
Jeu de dupes
Et le maillon intermédiaire ne s’y trompe pas. Guillaume Favoreu, expert agricole au sein du cabinet Optimes qui accompagne des OP pour l’élaboration de leur contrat-cadre, estime que « le poids des coûts de production est minimisé dans les formules proposées par les transformateurs. Ces formules sont en revanche très réactives à leurs marchés, donc à leurs marges. » La prise en compte du mix-produit semble tout aussi délicate. « Les transformateurs donnent leur mix-produit en volume, mais il serait plus pertinent de l’avoir en chiffre d’affaires ! »
À la lumière des tensions sur le marché du beurre à l’automne 2017, un autre débat a émergé concernant la facture de lait : celui du paiement de la matière grasse. Si certaines laiteries ont franchi le pas (lire l’encadré ci-dessous), il n’est pas certain que cela se généralise. « Cela ne pourrait être envisagé qu’en cas de stabilisation des marchés de la protéine et de la matière grasse », affirme Gérard Calbrix, économiste à l’Atla. Mais ce scénario n’est-il pas illusoire ?