Au Gaec des Loges, à Saint-Georges-le-Gaultier dans le nord de la Sarthe, les photos sont l’affaire d’Alex Denis (30 ans) et de sa compagne, Émeline Goyer (28 ans). Pour l’essentiel, elles alimentent la page Facebook et le site de l’exploitation familiale. Concrètement, « nous utilisons un appareil numérique pour les photos qui ont vocation à durer et nos portables, pour les autres. Nous avons également investi (500 €) dans un drone mais sur le fond, explique la jeune femme coresponsable de l’atelier de transformation laitière, aucun de nous deux n’a été formé à la photographie. Nous nous sommes lancés avec l’avantage d’être nés avec le portable et les réseaux sociaux. Nous essayons de progresser en regardant ce que les autres font et ce qui marche. »

Introduire de l’humain

Comme Alex et Émeline, beaucoup d’agriculteurs en vente directe gèrent eux-mêmes leurs photos, de la prise de vue à leur publication. « D’où l’importance d’avoir quelques repères en tête », pointe Carole Diard. Conseillère en circuits courts à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, elle pointe en particulier la nécessité d’introduire de l’humain sur ses clichés.

« C’est primordial en vente directe où le vendeur compte autant que la qualité des produits. » Poser ? Certains agriculteurs s’y prêtent naturellement, y compris en famille. D’autres ne passent pas ce cap. Dans ce cas, « on peut amener une présence humaine sans exposer le producteur ». À l’exemple de ce maraîcher qui tient à pleines mains une botte de carottes devant son visage. « On ne distingue pas ses traits, uniquement ses mains et ses avant-bras mais la touche humaine est là et ça change tout. » Pour les plus réfractaires, l’avatar, ce personnage ressemblant emprunté au monde du jeu vidéo, peut être une solution. Elle est toutefois plus coûteuse puisqu’un graphiste doit intervenir.

Bien choisir ses vêtements

Gérer ses prises de vue, c’est aussi — en amont — réfléchir à la « bonne » attitude — sourire par exemple est important — et à sa tenue vestimentaire. Le plus simple est d’opter pour des vêtements dans lesquels « on se sent bien ». En pratique aussi des vêtements propres, en cohérence avec le métier, la saison et les produits vendus. « Pour ceux qui en ont une, c’est le moment de porter la veste (ou le polo) au logo de l’exploitation. » Enfin, les agriculteurs ou agricultrices qui ont un « vrai » style vestimentaire se distinguent par un accessoire (boucles d’oreilles rappelant les produits vendus, chapeau, béret, etc.) ne doivent pas hésiter à s’en prévaloir. « C’est un atout dans la mémorisation clients. »

Donner envie de consommer le produit

Concernant les photos de produits, certaines prises de vue sont à éviter. C’est le cas du gros plan sur le carton — pour illustrer la vente de colis de viande — ou le sachet sous vide, peu flatteur. « La photo qui marche le mieux est celle qui suggère le plat, donne envie de manger le produit : les saucisses posées sur la grille du barbecue, un poulet dans une cocotte en fonte, un plat de côte — accompagnés de légumes frais, etc. » Une mise en scène qui demande toutefois du temps.

Solliciter les interprofessions

Dans ce contexte, une alternative est de contacter les organismes locaux qui travaillent sur la promotion des territoires — les offices de tourisme par exemple — ou les interprofessions (Cniel, Interbev, etc.). Les uns et les autres peuvent proposer des photos de qualité, à des prix raisonnables.