Optimiser l’élevage caprin pour maîtriser le temps de travail

Aux Chèvres de Jabi à Trémont dans l’Orne, les années ne se ressemblent jamais totalement. « En 2022, nous avons ouvert un gîte, relate Audrey Fortin. Cette année, nous avons démarré la transformation du trèfle du Perche, spécialité fromagère locale. » Respectivement assistante de gestion et technicien de maintenance, Audrey et Sylvain Fortin ont entrepris leur reconversion en 2015. BPREA en poche, « l’élevage caprin était une évidence, explique-t-elle. Je m’intéressais à la transformation, et je voulais aller jusqu’au consommateur pour pouvoir fixer nos prix. »

Productivité en progression

Installés en 2017 sur 6 hectares, le couple et une apprentie élèvent actuellement 48 chèvres alpines, huit chevrettes pour le renouvellement et trois boucs. En monte naturelle, l’élevage est conduit en trois lots et la production laitière est interrompue du 15 décembre au 15 février. En 2022, les 44 chèvres ont produit 40 585 litres pour une production individuelle de 919 litres. Une productivité en nette progression par rapport à 2021 et ses 39 725 litres, soit 830 litres par chèvre et par an. « Après avoir élevé jusqu’à 65 chèvres, nous cherchons à maîtriser le nombre d’animaux autour de 50 », confie Audrey Fortin.

Les animaux ont accès à 4 hectares autour du bâtiment d’avril à la fin d'octobre. « Il s’agit plus d’un parcours qu’un véritable pâturage », décrit l’éleveuse. En complément des 6 hectares en prairies permanentes, le couple achète du foin de luzerne au frère d’Audrey installé en polyculture-élevage à trois kilomètres.

Cette ration est complétée d’un aliment à base de maïs, féverole, betterave, orge et avoine. Valorisant le petit-lait, une douzaine de porcs charcutiers sont engraissés par an et commercialisés en direct. Deux jeunes génisses les ont rejoints cette année avec l’ambition d’une production laitière dans deux ans. Celle-ci pourrait permettre d’alimenter des chevreaux, voire servir à une valorisation fromagère.

Du côté de la transformation, Les Chèvres de Jabi ont démarré avec des fromages lactiques frais et affinés en 2018. Audrey Fortin introduit une nouvelle spécialité fromagère chaque année. Des yaourts et de la tomme ont enrichi la gamme en 2019 et 2020. L’accroissement significatif de l’EBE ces trois dernières années est associé à une amélioration de la technologie contribuant à une moindre perte de caillé et à la bonne valorisation des yaourts.

En 2023, les chèvres de Jabi ont rejoint le collectif de seize producteurs du trèfle du Perche. Ce fromage lactique cendré au lait cru est moulé à la louche et doit compter plus de 12 jours d’affinage. Associé à un certificat de conformité produit (CCP), son cahier des charges contraint à alimenter avec des fourrages du Perche (1).

Une ferme ouverte au public

Ouvert dès 2018, le magasin de 20 m² propose les produits de l’élevage caprin et des colis de viande de porc. Cette offre est complétée de colis de viande de bœuf, de miel et diverses conserves. Les trois marchés hebdomadaires et une dizaine de foires par an sont le domaine de Sylvain Fortin. En 2022, ils représentaient 37 % de la commercialisation au même niveau que la boutique.

Membre de Bienvenue à la Ferme depuis leur installation, Audrey et Sylvain ont à cœur de recevoir et partager leur expérience. Accueillant des camping-cars depuis 2019 via France Passion, ils ont investi dans un gîte en 2022 et souhaitent développer les accueils de groupe. Audrey Fortin résume ainsi leur stratégie : « Augmenter la taille du troupeau se répercute sur la charge de travail quotidienne, alors que celle liée à l’agrotourisme peut être modulée dans l’année. »