Tartinables, ratatouilles, déshydratées… Les agriculteurs transforment de nombreux produits au sein de leur atelier collectif basé à Pacé (Ille-et-Vilaine), même si le laboratoire est loin d’avoir atteint son rythme de croisière. « Nous faisions tous le même constat que chaque année nous perdons 5 à 10 % de notre production entre les déclassés, les invendus… C’est du gâchis lorsque l’on connaît l’exigence de nos cultures bio », explique Mickaël Berthelot, maraîcher bio à Corps-Nuds, qui a dû jeter près d’une tonne de tomates l’an passé.
Plusieurs producteurs d’Agrobio 35 ont commencé à réfléchir en 2017 pour créer une conserverie commune en lien avec des artisans transformateurs. Aucun n’avait les moyens financiers ni le temps pour avoir un laboratoire individuel chez lui.
Entre un modèle industriel et individuel
Le projet s’est donc porté sur un investissement collectif, intermédiaire entre un modèle industriel et individuel. Ce qui permet d’investir dans un équipement efficace et qui répond aux normes sanitaires. Ils sont trois producteurs maraîchers d’Ille-et-Vilaine et quatre artisans à l’origine de la création de Trans Farm Earth (1).
Les objectifs sont nombreux : donner l’opportunité aux agriculteurs de diversifier leur gamme et prolonger la durée de consommation de produits parfois très saisonniers, apporter une solution de renfort à des cuisiniers pour de la découpe et/ou de la transformation, aider des porteurs de projet en réflexion sur des recettes, des équipements.
Prestation clé en main
Concrètement, l’agriculteur dépose ses produits bruts au laboratoire. L’un des artisans peut faire le travail de transformation à façon de A à Z en autonomie ou avec la participation du producteur. Il est également possible de louer le laboratoire pour effectuer soi-même ses transformations (tarification selon le matériel utilisé). L’agriculteur n’a ensuite plus qu’à récupérer ses bocaux. La prestation est facturée au pot pour le producteur (exemple : tartinable : 0,77 € par pot de 135 ml).
D’un projet initialement prévu pour proposer des débouchés aux agriculteurs bio du département, ils cherchent à développer leur activité vers un public plus large : cuisiniers professionnels, traiteurs, autres laboratoires de transformation. L’outil est dimensionné pour pouvoir traiter jusqu’à 300 kg de matière première par jour.
Intégrer des artisans au projet
Trans Farm Earth est organisé en Sica (société d’intérêt collectif agricole). Une structure qui a l’avantage de pouvoir intégrer les artisans mais impose que 50 % du chiffre d’affaires soit réalisé via des agriculteurs. Chaque producteur travaillant avec la Sica doit prendre trois parts au minimum. Les agriculteurs ont été accompagnés techniquement par Agrobio 35 (étude de faisabilité, étude de marché, recherche de financement) et par les collectivités locales. Le montant de l’investissement pour les locaux et l’équipement est de 500 000 €, dont 30 % de subventions (conseil régional, Ademe).
(1) contact@transfarmearth.fr.