En 2018, Benoît Huntzinger, éleveur à Chemillé dans le Maine-et-Loire, a demandé au réseau Arbre 49 un diagnostic « biodiversité » de sa ferme. « Nous avons découvert la présence de plusieurs châtaigniers « marron noir des Mauges », une variété locale qui s’est développée après la Révolution avant d’être délaissée au XIXe siècle. Il y en avait sept, plutôt en mauvais état. Ce sont des arbres qui ont au minimum deux cent ans !  »

Depuis, Benoît Huntzinger s’attache à conserver et valoriser cette variété. En vente directe, il a ajouté à sa gamme de viandes et de verrines, une crème de marrons et des marrons sous vide. « J’ai également prélevé et confié des greffons à un pépiniériste. Cela m’a permis de replanter une quinzaine de sujets », explique l’agriculteur, qui se mobilise pour la relance collective du marron noir des Mauges.

Ce travail passe par la recherche de partenaires techniques et financiers. « Nous avons déjà reçu le soutien du département et de Mauges Communauté pour un total de 25 000 €. À la rentrée, l’école supérieure d’agricultures (ESA) d’Angers va lancer le travail de caractérisation. »

84 % de variétés fruitières

« Le marron noir des Mauges est un exemple concret de ce qu’on peut faire à partir d’une variété locale », relève Noémie Cailleaud, chargée de mission au Cregene (Conservatoire des ressources génétiques du Centre-Ouest atlantique). À la demande du conseil régional, ce conservatoire vient de réaliser, avec l’appui du Crapal (Conservatoire des races animales en Pays de la Loire), un inventaire de la biodiversité cultivée en Pays de la Loire. Une première dont les résultats ont été présentés le 26 mai 2023 à la ferme de Sainte-Marthe (Maine-et-Loire).

En enquêtant auprès de 42 structures (associations, parcs naturels régionaux, universités, instituts de recherche, collections publiques et privés, etc.) et professionnels (grainetiers, semenciers, pépiniéristes, agriculteurs, etc.), 600 variétés locales ont pu être inventoriées. 84 % d'entre elles sont des fruitières, mais il y a aussi des potagères, des céréales, des fourragères et des aromatiques. Que faire de ce patrimoine ? « Il y a d’abord une urgence à sa conservation ! Sur les 600 variétés inventoriées, plus d’une centaine n’a aujourd’hui qu’un seul détenteur », souligne le Cregene.

L’autre axe prioritaire serait de développer l’accompagnement de projets territoriaux. Aujourd'hui, seul le programme « marron noir des Mauges » est structuré.