Il y a tout d’abord les clients pressés, ceux qui dès la mi-novembre, s’inquiètent de savoir quand la ferme du Biot débutera la vente de ses sapins de Noël. Mais il y a aussi les retardataires, ceux qui viennent frapper à la porte de l’exploitation, le 24 décembre au matin. « Ceux-là nous disent : « Oh la la, ça n’était pas prévu… Mais c’est moi qui reçois cette année. Il me faut un sapin ! Est-ce que vous en avez encore ? » » raconte Olivier Claux. Et heureusement pour eux, quelques sapins sont toujours mis de côté pour les plus rêveurs.
Décembre physique
À Chevrières, une commune de l’Oise située à 10 km de Compiègne, Alain, Monique et leur fils Olivier produisent des sapins depuis une quinzaine d’années. Et tous les ans, décembre se révèle un mois aussi festif que physique : « Le week-end dernier, nous avons vendu cent sapins samedi et deux cents dimanche. Le sapin de Noël nous mobilise sur une courte et très intense période. On sait que pendant un mois, il nous faut être frais et disponibles. »
Deux saisonniers sont embauchés à l’occasion. Et même les enfants d’Olivier participent en rappelant par exemple aux clients les règles du concours instauré par la ferme familiale : « C’est simple : nous demandons à nos clients de nous envoyer la photo de leur sapin une fois décorée, décrit Olivier. Nous la publions ensuite sur notre page Facebook, et celui qui obtient une majorité de mentions « j’aime » se voit offrir son sapin l’année qui suit. »
Sur la place de l’hôtel de ville
Certains sont hors concours : comme l’hôtel de ville de Compiègne qui, cette année, a demandé à la famille de leur fournir un sapin haut de neuf mètres. « Le domaine de Chantilly nous en prend des grands également. Il y a quelques beaux endroits où trônent nos sapins, et c’est vrai que ça nous fait plaisir. » En général, la ferme du Biot vend de 1 500 à 2 000 sapins de Noël par an. Et celui qui a le plus la cote mesure entre deux et deux mètres cinquante de hauteur.
De feuilles en aiguilles
« La vente des sapins est une activité à part entière, explique Olivier. Nous éprouvons du plaisir à retrouver des clients qui viennent depuis plusieurs années nous voir et qui apprécient que leur sapin soit une production locale. Nous sommes heureux aussi de nous retrouver en famille, à couper et vendre les arbres ensemble. »
Si cette année, la famille Claux se retrouvera au pied du sapin le 24 décembre au soir, ça n’a pas toujours été le cas. Spécialisée avant tout dans les grandes cultures et les betteraves, la ferme du Biot produisait auparavant des légumes et des pommes de terre : « Autant dire qu’à Noël, mon père était très occupé : toutes les pommes de terre, par exemple, étaient arrachées en septembre, puis stockées dans des bâtiments. Et chaque jour, elles étaient conditionnées pour partir à la vente. Un boulot à temps plein sur toute l’année. J’ai des souvenirs de veille ou d’avant-veille de Noël à trier des pommes de terre, pour les envoyer en rayon. Mais c’était aussi un moment de partage, quand je rejoignais mes parents. Seulement le sapin est bien plus festif. Lorsque les clients viennent pour choisir le leur, c’est un moment de détente, ils ont toujours le sourire. »
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Il reste quelques indécis qui peinent à trouver la bonne hauteur, la bonne forme ou la bonne espèce. Olivier se souvient de ce couple explosif qui n’est jamais parvenu à s’entendre sur le sien. Le choix du sapin peut parfois se révéler… très épineux.