Depuis dix ans, dans la Nièvre et l’Yonne, l’association « L’agneau près de chez vous » valorise les animaux de ses vingt adhérents à un prix rémunérateur, sans intermédiaire. L’an passé, 2 500 bêtes de moins de 180 jours ont ainsi été commercialisées, à un prix moyen de 6,95 euros par kilo de carcasse (1).

90 % des agneaux, nés, élevés et engraissés sans OGM chez les éleveurs, sont vendus à un réseau de six boucheries régionales « Le bœuf tricolore ». Dans ces magasins franchisés, dont le concept garantit une viande française avec des races spécialisées bouchères, les gérants sont libres de leurs achats. Les 10 % d’agneaux restants sont commercialisés à deux boucheries locales indépendantes.

Le partenariat repose sur une charte de qualité et une relation de confiance. « C’est le secret de sa durabilité », pointe Florent Brideron, le président de l’association. L’objectif est de vendre des carcasses de qualité, bien conformées et sans défaut de gras. Les éleveurs ont été formés à trier leurs ovins.

Un prix fixe toute l’année

Pour éviter les surcoûts et les « paperasses », l’association a choisi de ne pas recourir à un signe de qualité. « Tant qu’on a des agneaux et qu’ils sont de qualité, nos bouchers partenaires les prennent chez nous », précise notre interlocuteur.

Cette façon de travailler convient à Patrick Berry, gérant de la boucherie « Le bœuf tricolore », à Charny, dans l’Yonne. Son magasin, à l’étal fourni et attrayant, écoule chaque semaine entre 4 et 5 agneaux (40 à Pâques). « Avec le président de l’association ou son collègue, on s’appelle toutes les semaines, souligne-t-il. On ne discute jamais du tarif. » Le prix est réactualisé tacitement au 1er janvier pour l’année (augmentation de 5 centimes d’euro le kilo). Il est dégressif par tranche de poids à partir de 21 kg de carcasse. Au moment de Pâques, où s’écoulent 400 animaux par semaine, le prix fixé pour les carcasses de 17 à 21 kg (6,95 € le kg) est ouvert aux bêtes de 15 à 25 kg.

Deux agriculteurs bénévoles, le président et le vice-président de l’association, servent d’interface entre les bouchers, les producteurs et les deux abattoirs de Cosne-sur-Loire, dans la Nièvre, (70 % des abattages) et de Migennes, dans l’Yonne. Ils sont distants de 100 km. « Nous prenons les commandes, notons l’offre des éleveurs, réservons l’abattoir, précise Florent Brideron. Jusqu’à 40 agneaux par semaine, c’est vite fait par SMS ou par mail. Au-delà, et si les producteurs sont occupés à faire leur foin et qu’il faut courir après les animaux, c’est plus lourd. »

Un investissement qui paie

Bien que leur mode de commercialisation directe corresponde à la tendance actuelle du « manger local », les éleveurs ne souhaitent pas faire grossir trop leur association. « Nous sommes d’abord des paysans, souligne Florent Brideron. Pour l’instant, quand un adhérent part, on se contente d’en trouver un nouveau. » Les éventuels nouveaux entrants doivent montrer que leur production répond aux besoins de la petite filière (approvisionnement à des périodes plus tendues, comme entre novembre et mars). « Adhérer à notre association correspond à une autre façon de commercialiser : il faut aussi emmener ses agneaux à l’abattoir, faire les factures, participer aux portes ouvertes. C’est un investissement, mais qui paie. Le temps passé à ce travail est mieux rémunéré que de faire naître d’avantage d’animaux . » Anne Bréhier

(1) Entre 17 et 21 kg, avec un paiement à 21 jours.

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