« Nous ne sommes pas inquiets, assure Marie-Pierre Pé, déléguée du Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog), lors d’une conférence de presse à Paris, le 20 octobre 2016. La crise sanitaire a été gérée, tout est reparti. »

Quatre mois d’arrêt

La filière se relève doucement de quatre mois d’arrêt de production, à la suite de l’épizootie d’influenza aviaire survenue il y a un an, le 24 novembre 2016, dans le département de la Dordogne. Quelque 4 000 élevages dans 18 départements étaient concernés. Cette zone du Sud-Ouest représente plus de 70 % de la production française.

 

« Le plan d’éradication a coûté 270 millions d’euros à la filière, précise Marie-Pierre Pé. 130 millions pour l’amont, et 140 millions pour l’aval. Sans compter que pour adapter ses infrastructures aux nouvelles normes de biosécurité, les éleveurs ont encore besoin de 220 millions. »

 

Le maillon de l’élevage s’affiche plutôt satisfait des mesures prises par le ministre de l’Agriculture, d’une part pour encadrer la situation sanitaire, de l’autre pour le soutien financier aux éleveurs. « Le trio formé par les pouvoirs publics, les vétérinaires, et la profession a bien fonctionné, estime Christophe Barrailh, président du Cifog. Le redémarrage s’est passé dans des conditions sécurisées, avec des règles du jeu modifiées par arrêté du ministre. Il reste à s’assurer que ces bonnes pratiques sanitaires s’inscrivent durablement dans la gestion quotidienne de la filière. »

Des mesures inédites en Europe

En cas de crise sanitaire, le système européen exige l’abattage des animaux malades. Mais dans le cas de l’influenza aviaire, cela ne suffisait pas à l’éradication du virus. Il avait donc été intégré le fait qu’il fallait faire un véritable vide sanitaire. « Ça n’avait jamais été fait auparavant, rappelle Stéphane Le Foll, invité par le Cifog. Demander aux éleveurs d’arrêter toute production pendant des semaines est lourd de conséquence. »

 

Mais le ministre, comme Christophe Barrailh, se félicite de la « cohérence et de la transparence entre les professionnels » pour mettre en place les bonnes mesures. Alors que tous les systèmes d’aides étaient liés à des compensations après abattage des animaux malades, il a fallu travailler de concert avec la Commission européenne pour modifier les règles.

 

« Il a fallu rassurer toute une profession sur le fait que la filière allait repartir, et que seront débloqués les moyens nécessaires pour éviter la catastrophe financière liée à ce vide sanitaire, reprend-il. C’est chose faite. Maintenant qu’elle a redémarré, la filière doit veiller à appliquer les règles de biosécurité afin d‘éviter que ce virus ne puisse revenir. C’est un enjeu colossal. »