Pour une bonne conservation du grain, il est nécessaire de le stocker sec et mature. L’objectif est d’éviter le développement de moisissures et d’insectes, ainsi que la dégradation de sa qualité nutritionnelle, sanitaire et technologique.
« Si ce n’est pas suffisamment le cas, la respiration du grain générera un milieu humide et chaud, favorable au développement de champignons et à la prolifération des insectes, explique Jean-Yves Moreau, ingénieur de recherche au pôle de stockage des grains d’Arvalis à Boigneville (Essonne). Le but est de viser un grain récolté à 14-14,5 % d'humidité, avec un maximum à 15,5 %. » Selon les régions, il faut être particulièrement vigilant en cette année pluvieuse au moment de la moisson.
Viser 20°C…
La ventilation et le refroidissement du grain, dont la température peut voisiner les 30°C à la récolte, seront garants de sa bonne qualité sur le long terme. « À la récolte, il ne faut pas attendre que le silo soit plein pour commencer la ventilation, relève Jean-Yves Moreau. Dès que le grain recouvre les grilles de diffusion de l’air ventilé, si la température extérieure est suffisamment inférieure à celle du grain, la ventilation doit être déclenchée. » À noter que lorsque l’air du ventilateur est mis sous pression pour traverser la masse de grains, il y a un effet de réchauffage de l’air d’environ 1 à 2,5°C.

Par ailleurs, le phénomène d’humidité relative de l’air peut également réhumidifier localement le grain qui est en contact avec les grilles de diffusion de l’air ventilé. « Avec la condensation de l’eau, le refroidissement sera moins efficace qu’attendu, prévient l’ingénieur. C’est une contrainte qu’il faut accepter et compenser par un déclenchement de la ventilation lorsque la température extérieure sera plus basse. »
Ainsi, en incluant le réchauffage mécanique lié à la compression de l’air et le phénomène de moindre refroidissement lié à la condensation, « la température extérieure doit se situer entre 15 et 17°C pour déclencher la ventilation et atteindre le premier palier qui vise une température du grain de 20°C », compte l’ingénieur. Ce palier doit être atteint au plus vite pour stabiliser le grain, c’est-à-dire réduire le risque de germination et de développement de champignons. Les phénomènes de respiration du grain seront également limités.
… puis 12 et enfin 5°C
Un deuxième palier de ventilation à l’automne visera une température proche de 12°C, grâce aux températures extérieures nocturnes plus fraîches, afin de stopper la prolifération des insectes ravageurs. Leur population ne s’accroît plus à cette température.
Enfin, si le déstockage n’est prévu qu’au printemps, un troisième palier de ventilation sera nécessaire en hiver pour viser une température de 5°C. Deux objectifs, selon Jean-Yves Moreau : « Commencer à générer de la mortalité sur les insectes ravageurs et assurer une conservation du grain sous les 12°C malgré une hausse des températures extérieures au printemps. »
L’automatisation de la mise en route et de l’arrêt des ventilateurs selon des températures consignes définies permet de faciliter et d’optimiser le pilotage de la ventilation.