GNR, engrais azotés, mécanisation… L’explosion du prix des intrants est une des conséquences de la guerre en Ukraine. Même si le marché du gaz et des engrais s’est un peu détendu dernièrement, il est loin d’être « normalisé », et nombreux sont les agriculteurs à s’être couverts à des prix élevés. « Quoi qu’il arrive, les coûts de production pour la récolte de 2023 en céréales d’hiver, oléagineux et potentiellement maïs, seront bien plus importants qu’en 2022, et encore plus qu’en 2021 », anticipe Philippe Heusèle, le président du comité des relations internationales d’Intercéréales.

«Au moins 50 à 75 €/t» de plus

Les repères économiques d’avant le 24 février 2022, début du conflit russo-ukrainien, ne sont plus valables, selon Philippe Heusèle. Coût de production, seuil de commercialisation… « Tout cela s’est rehaussé d’au moins 50 à 75 €/t, selon le type d’exploitation et de région, en admettant que la récolte de 2023 connaisse des rendements moyens. Économiquement, nous ne sommes plus dans le même monde qu’en 2021 », appuie-t-il.

Décarbonation

À plus long terme, en considérant d’autres défis comme la nécessité de décarboner les schémas de production, les coûts seront structurellement à la hausse. « Ils ne seront plus jamais les mêmes qu’avant le conflit, résume Philippe Heusèle. Cela ne veut pas dire qu’épisodiquement, il n’y aura pas de creux. Il y a toujours eu de la volatilité, mais elle est désormais tellement forte que cela devient difficile à appréhender. Il faudra que les prix suivent si on ne veut pas être mis hors jeu. » Pour lui, l’accès à l’innovation est nécessaire pour garder et améliorer les capacités productives, et surtout être plus efficaces en intrants, dont les prix vont augmenter.