La tendance des prix céréaliers a été plutôt à la hausse cette semaine. C’est le blé qui a donné le ton, sous l’influence du marché mondial où les différentes origines ont gagné entre 1 et 6 $/t depuis la semaine dernière. Les prix russes ont grimpé depuis le début de janvier en raison de la remontée du rouble face au dollar et, pour l’instant, malgré l’ampleur des quantités encore à vendre au départ de ce pays, les prix ne se relâchent pas. Ils sont de nouveau renforcés en cette fin de semaine par l’achat de l’Égypte ce jeudi pour 410 000 tonnes de blé, russe uniquement. L’Égypte a lancé trois appels d’offres en dix jours et cela souligne l’importance de son besoin d’importation. À l’ouest de l’UE, les blés US se sont renchéris aussi cette semaine sous l’effet principalement de ventes soutenues à l’exportation.
Ces évolutions se sont reportées sur les prix français à Rouen qui gagnent ainsi plus de 2 €/t en qualité meunière (à 171 €/t) et 2,5 €/t en qualité fourragère (à 166 €/t). Sur Euronext, l’évolution était plus mitigée à la clôture du 26 janvier (+0,5 €/t seulement) pour l’échéance mars 2017 (à 170 €/t) et –0,5 €/t pour l’échéance mai 2017 (à 171 €/t). Sur la façade atlantique et en Moselle en revanche, les prix du blé ont eu du mal à se maintenir et ont abandonné entre 1 et 3 €/t. Sur la base des statistiques européennes portant sur les ventes hebdomadaires à l’export, il apparaît que l’UE a déjà expédié 13,9 millions de tonnes (Mt) de blé depuis le début de la campagne. L’an dernier à la même date, les certificats qui avaient été attribués aux exportateurs s’élevaient à 14 Mt. Les niveaux d’exportations des deux campagnes restent donc proches jusqu’à maintenant alors que le total qui sera exporté pour l’ensemble de la campagne est attendu en nette baisse par rapport au total de l’an dernier (23 Mt contre 31,8 Mt). Un fort ralentissement des sorties européennes de blé est donc attendu en seconde moitié de campagne par rapport à l’an dernier.
Les orges fourragères sont restées quasi stables à Rouen (à 141 €/t) mais les orges brassicoles ont suivi le blé, gagnant respectivement 3 et 1 €/t pour les orges d’hiver (à 165 €/t) et les orges de printemps (à 189 €/t). En maïs, les cours affichent une petite hausse, sur la façade atlantique surtout (+3/t à La Pallice à 166 €/t) en raison d’un petit flux d’exportation vers le Benelux et le Royaume-Uni. Cette hausse se produit à contre-courant de l’évolution sur le marché mondial où l’on observe un affaissement des prix au départ de la plupart des origines sous l’ampleur des disponibilités, US notamment.
Oléagineux : le colza résiste au soja
Après l’emballement de la semaine dernière dû aux inquiétudes argentines, les prix de la graine de soja sont retombés cette semaine avec l’amélioration des conditions climatiques. D’après la Bourse de Buenos Aires, les semis sont maintenant quasi achevés (99,5 % des surfaces étaient semées au 26 janvier). Au sud de Buenos Aires, les conditions sont restées beaucoup trop sèches et les agriculteurs n’ont pas pu concrétiser leurs intentions de semis. Dans le même temps, les pluies diluviennes qui se sont abattues sur le cœur de la région productrice de soja ont entraîné des pertes de surfaces et de rendements. Les conditions sont plus sèches depuis quelques jours, ce qui devrait permettre aux champs de s’assécher.
Au Brésil, les conditions de culture sont restées favorables dans les principaux États producteurs (à l’exception du Nord-Est). En raison des semis précoces, la récolte a pu démarrer dès la fin de décembre et se retrouve, au Mato Grosso, très en avance par rapport à l’an dernier. Au Parana, la récolte a tout juste commencé ; 97 % des plants sont en bon état, ce qui est de bon augure pour les rendements. Au Rio Grande do Sul, le développement des plants est moins avancé mais se poursuit dans des conditions favorables. Au total, la récolte brésilienne s’annonce très élevée, à 104 Mt, en hausse de presque 10 % par rapport à celle de 2016.
À Chicago, le contrat de mars du soja se retrouve maintenant à 384 $/t (393 $/t la semaine dernière). Les prix n’ont toutefois pas retrouvé les niveaux du début de janvier (environ 370 $/t), soutenus par une petite remontée du pétrole cette semaine et par une demande importante en graine. Sans nouveau grave problème en Argentine, ils devraient toutefois encore baisser légèrement avec la montée en puissance de la récolte brésilienne et la compétition entre les graines brésiliennes et les graines américaines.
Les prix du colza, eux, ont suivi une tendance inverse à ceux du soja. Sur le marché physique, la graine a gagné 2,5 €/t pour le Fob Moselle (à 425,5 €/t) et 3 €/t rendu Rouen (à 428 €/t). Sur le marché à terme Euronext, le contrat de février a gagné 7 €/t (à 427,75 €/t). Le colza européen a résisté à la baisse du soja (ainsi qu’à la baisse du prix des huiles végétales cette semaine) soutenu par l’extrême tension du bilan européen. La demande reste forte car les marges de trituration demeurent relativement bonnes. Pour faire face à cette demande, l’UE doit absolument compter sur une poursuite des importations. Or, à cause de la baisse des disponibilités ukrainiennes, celles-ci vont surtout provenir d’Australie dans les mois à venir si bien que l’UE se retrouve en compétition avec la demande asiatique pour « attirer » les graines de colza australiennes. Au Canada, les cours du canola suivent la même direction que les colzas européens, dans un contexte mondial caractérisé par un manque de graines.
Le tournesol a suivi la tendance du colza cette semaine et son prix vient de gagner 5 €/t à Saint-Nazaire (à 380 €/t). Néanmoins, les marges de trituration du tournesol sont faibles et cela devrait nettement limiter la hausse, voire impacter vers le bas le prix de la graine dans les semaines à venir.
Tourteaux : baisse à la suite des graines de soja
Les prix des tourteaux se sont affaissés cette semaine en lien avec l’évolution du prix de la graine de soja. Les cours ont perdu 7,5 $/t à Chicago (à 376 $/t) et 5 €/t à Montoir (à 373 €/t). Malgré leur affaissement récent, les tourteaux se sont nettement renchéris sur un mois et cela risque de faire chuter leur attractivité dans les formules animales.
Peu de changement pour le prix du pois (à 222 €/t départ Marne).
À SUIVRE : évolution des prix russes, ventes de blé et d’orge UE à l’export, conditions climatiques pour les cultures d’hiver européennes, conditions climatiques en Argentine, déroulement de la récolte de soja au Brésil, importations de graines de colza.