Mickaël Proust, agriculteur à Saint-Symphorien (Deux Sèvres), a engagé, en 2020-2021, cinq de ses 100 ha de blé tendre dans une nouvelle filière : La belle terre. Celle-ci a été initiée, en 2019, sur blé tendre, à la demande d’un industriel de la boulangerie-pâtisserie (1) qui a défini son propre cahier des charges. Ce dernier spécifie notamment l’interdiction d’application de produits phytosanitaires de synthèse de la levée à la récolte. L’objectif est de garantir l’absence de résidu dans la farine.

« C’est un bon compromis entre conventionnel et bio, qui permet de dégager de la valeur ajoutée sur les exploitations », estimait l’agriculteur au printemps dernier. Fixé sur la durée du contrat (trois ans), le prix de ce blé a en effet, à l’origine, été établi à un niveau significativement supérieur au prix du blé conventionnel (variétés classiques : 240 €/t ; variétés améliorantes : 280 €/t). Avec la récente flambée des prix de la céréale, la plus-value est toutefois gommée.

Choisir les bonnes parcelles

La production de ce blé a demandé quelques adaptations dans l’itinéraire technique. Tout d’abord, le choix des parcelles. « J’ai ciblé celles qui intègrent dans leur rotation du maïs sec », explique l’exploitant. Cette culture de printemps casse le cycle des adventices d’hiver. Ainsi, même sans herbicide en végétation, « les parcelles sont propres », indique-t-il. Un désherbage entre le semis et la levée a été réalisé. « Je n’en fais pas d’habitude car je n’ai pas de problème de portance et, donc, le dé­sherbage­ peut se faire en végétation. » Le désherbage mécanique est possible, mais sur des parcelles saines, « on peut faire sans », assure l’agriculteur, qui n’a pas fait le choix d’investir dans du matériel adapté. Enfin, sur la gestion de l’enherbement, « le décalage de la date de semis joue beaucoup ».

Des variétés résistantes

En ce qui concerne les maladies de la céréale, « il faut surtout choisir une variété qui a un profil de résistance assez complet » signale Mickaël. Le cahier des charges propose un panel restreint de quatre variétés ; il s’est positionné sur Absalon (3 ha) et Izalco (2 ha). La filière lui impose, par ailleurs, de cultiver 70 % de blé panifiable, et 30 % de variétés améliorantes.

En 2021, avec des conditions de cultures relativement saines, l’exploitant a réalisé un passage de soufre (un ou un demi-fongicide sur le reste de ses blés). En effet, les produits utilisables en agriculture biologique restent autorisés.

Sur l’exploitation, le rendement de 2021 des blés labellisés La belle terre a été similaire à celui des blés conventionnels. Ils ont, en revanche, tous été impactés par la sécheresse du printemps. Hélène Parisot

(1) Industriel qui n’est pas encore connu, la démarche n’ayant pas encore été officiellement lancée.