Le piétin échaudage est une maladie des graminées provoquée par un champignon du sol qui pénètre les racines, obstrue les canaux de sève et entraîne une rupture d’alimentation. Certaines régions sont plus à risque, notamment les zones fourragères, l’ouest et le sud de la France. L’Est, et surtout la Champagne, sont moins concernés. « Le piétin échaudage est présent cette année, mais la pression semble plus modérée par rapport aux deux dernières campagnes, indique Éric Masson, ingénieur chez Arvalis. Les semis ont été plus tardifs que d’habitude, ce qui a probablement joué. »

Prévenir les risques

Une date de semis précoce est, en effet, un facteur favorable au parasite, lui laissant un délai d’installation plus long. « La rotation reste le premier facteur de risque, en particulier le blé sur blé. Le piétin échaudage est favorisé par les rotations à base de graminées, telles que prairies, maïs et céréales à paille », ajoute-t-il. Le spécialiste alerte également sur le chaulage, qui déséquilibre la flore bactérienne antagoniste du champignon. « L’activité des bactéries qui émettent un antibiotique pour protéger la racine diminue lorsque le pH augmente trop. Avant de chauler, il convient de contrôler le pH – entre 6 et 6,5 – pour vérifier si un amendement est nécessaire », prévient-il.

Éric Masson précise que la maladie est de plus en plus observée sur orge. Blé tendre et blé dur sont les céréales les plus sensibles, suivies par l’orge, le triticale et le seigle. Le piétin échaudage n’attaque cependant pas l’avoine. À ce jour, aucune sensibilité variétale n’a été mise en évidence. « Il faut bien détruire les graminées adventices et les repousses, supports vivants qui lui permettent de survivre, poursuit-il On le retrouve aussi souvent derrière les andains de paille. La menue paille doit être bien répartie, quand c’est possible, ou être récoltée. »

En cas d’attaque avérée, il est déconseillé d’implanter une autre céréale, en particulier du blé sur blé, et les graminées doivent être évitées en interculture. « Désherber correctement est essentiel, souligne le spécialiste. On voit de plus en plus de résistance au ray-grass, ce qui s’avère problématique. »

Lutte chimique limitée

Il n’existe pas de solutions contre le piétin échaudage en cours de culture. Un traitement de semences, Latitude XL, est le seul produit autorisé. « C’est un bon compromis qui fonctionne à 50 %, explique l’ingénieur. Conseillé dans les parcelles où le champignon est régulièrement observé, il doit être utilisé un an sur deux pour éviter la résistance. Son prix est d’une trentaine d’euros par hectare. Un agriculteur dans une situation à risque a tout intérêt à y recourir. »

Des essais de biocontrôle ont été menés par Arvalis, sans montrer d’efficacité. Le développement du champignon est stoppé par le froid. « Ceci expliquerait pourquoi on le rencontre moins dans les régions continentales, contrairement à l’Ouest où automne et hiver sont généralement plus doux, ajoute Éric Masson. Il est très probable que la pression augmente à l’avenir avec le réchauffement climatique. »

Justine Papin