La situation de l’Ukraine est bouleversée depuis l’invasion de la Russie. L’Ukraine a perdu un quart de ses terres cultivables du fait de l’occupation russe de certaines régions, dans le sud et l’est. C’est ce qu’a déclaré son ministère de l’Agriculture, ajoutant que cela ne constitue toutefois « une menace pour la sécurité alimentaire » du pays.
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« Pas une menace pour la sécurité alimentaire de l’Ukraine »
« Malgré la perte de 25 % des terres cultivables, la structure des cultures semées cette année est plus que suffisante pour assurer la consommation » de la population ukrainienne, a affirmé le ministre adjoint de l’Agriculture, Taras Vysotskiï, lors d’une conférence de presse. Selon lui, « la consommation a, également, diminué en raison des déplacements massifs [de population] et des migrations externes », hors du pays.
Plus de sept millions d’Ukrainiens sont déplacés à l’intérieur de leur pays, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR). S’y ajoutent 7,3 millions qui ont fui à l’étranger, dont plus de la moitié en Pologne.
Malgré la perte non négligeable de surfaces désormais aux mains des Russes, « la structure actuelle des surfaces cultivées […] ne constitue pas une menace pour la sécurité alimentaire de l’Ukraine », a assuré Taras Vysotskiï devant la presse.
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Les agriculteurs ukrainiens étaient préparés
« Les agriculteurs ukrainiens ont réussi à se préparer relativement bien à l’ensemencement avant le début de la guerre », a-t-il ajouté. « En février, l’Ukraine avait déjà importé environ 70 % des engrais nécessaires, 60 % des produits phytosanitaires et environ un tiers de la quantité de carburant requise » pour l’ensemencement, a détaillé le ministre adjoint de l’Agriculture.
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L’occupation russe de plusieurs régions ukrainiennes et le blocus des céréales imposé par la flotte russe en mer Noire ont toutefois forcé les agriculteurs ukrainiens « à modifier ce qu’ils semaient et la quantité », a précisé Taras Vysotskiï. L’Ukraine disposait avant la guerre de plus de trente millions d’hectares de terres cultivables, selon le World Data Center-Ukraine, une ONG internationale.
Les exportations de céréales sont toujours bloquées
Si les conséquences de l’invasion russe pour le marché intérieur ukrainien semblent limitées pour le ministre adjoint de l’Agriculture, l’impossibilité d’exporter les céréales produites en direction de l’étranger fait craindre « un ouragan de famines » dans les mois à venir, selon l’ONU.
« Actuellement, entre 20 et 25 millions de tonnes de céréales sont bloquées et cet automne ce chiffre pourrait augmenter à 70-75 millions de tonnes », a alerté le 6 juin 2022 le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dont le pays était le quatrième exportateur mondial de blé et de maïs avant l’invasion russe.
Le conflit russo-ukrainien oppose deux superpuissances céréalières, la Russie et l’Ukraine assurant à elles deux 30 % des exportations mondiales de blé. Ce conflit a provoqué une flambée des cours des céréales et des huiles, dont les prix ont dépassé ceux atteints pendant les printemps arabes de 2011 et « les émeutes de la faim » de 2008.
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