Au Mas Petit à Nîmes, il y a du travail et du revenu pour trois, grâce à un assolement très diversifié associant céréales, légumes secs et prairies, et valorisé pour partie en vente directe. Dans ce contexte périurbain où l’agrandissement n’est pas possible, Marc Bastide mise depuis longtemps sur la diversification, afin d’amener de la valeur ajoutée. Après les semences, les fleurs et les fruits, il s’est lancé dans la vente aux particuliers de foin et de paille en bottes de 20 kg, et de grains en sacs de 25 kg. « Deux graineteries venaient de fermer à Nîmes, il y avait un créneau à prendre », explique-t-il.

Atouts agronomiques

Son fils Rémi l’a rejoint en 2017, avec l’objectif d’élargir ces débouchés. « Puis, en 2019, nous avons investi dans un moulin et embauché un salarié, raconte le jeune céréalier. Début 2020, nous avons commencé à fabriquer des pâtes. L’arrivée du confinement a boosté les ventes. Nous avons alors acheté un deuxième moulin. » Aujourd’hui, leur assolement compte une quinzaine de cultures, choisies en fonction des besoins de leurs clients. « D’où l’introduction du millet pour les oiseaux et de la vesce pour les pigeons, par exemple », poursuit Rémi. Pour l’alimentation humaine, les agriculteurs ont développé une large gamme de farines et de légumes secs.

La conduite de ces cultures tient compte de la qualité recherchée. Ainsi, pour les pigeons, les grains de maïs doivent être petits. « Nous avons choisi des variétés à cycle court, que nous n’irriguons pas. Nous récoltons des petits grains bien secs début septembre, avant les pluies d’automne, ce qui nous évite d’avoir des frais de séchage », explique Marc. Le rendement n’est que de 40 q/ha, mais avec un prix de vente de 400 €/t, cela reste rentable. « En moyenne, les céréales sont valorisées en direct à 450 €/t », précise-t-il.

Dans la rotation, les exploitants alternent céréales, légumineuses et crucifères, et maîtrisent ainsi mieux l’enherbement. « Avec la monoculture de blé dur et la jachère, les parcelles s’étaient salies. Aujourd’hui, nous avons moins de ray-grass et de folle avoine », observe Marc. Le sorgho d’Alep, en revanche, reste présent de façon localisée. « Là, il faut recourir au glyphosate », note Rémi.

Engagés dans une démarche HVE, les agriculteurs développent le désherbage mécanique : « Nous venons d’investir dans une herse étrille rotative qui va nous permettre de passer dans toutes les parcelles, même lorsqu’il y a beaucoup de résidus. » Avec une rotation longue, ils réduisent la pression des maladies. « Nous utilisons moins de fongicides », note Marc. Les légumineuses n’ayant pas besoin d’apport d’azote, c’est autant d’économies.

Toujours dans l’objectif de réduire les intrants, les exploitants se sont équipés pour l’agriculture de précision. Le travail est très étalé, avec des semis de septembre à avril et des récoltes de mai à septembre. Dès que c’est possible, la préparation du sol est simplifiée. « Avec un bon équipement, nous avons divisé par deux les heures de travail au champ, ce qui nous a permis de dégager du temps au quotidien pour la transformation et la vente », indiquent-ils.

Les céréales destinées à la vente directe, stockées­ en big bag, sont nettoyées au fur et à mesure des besoins. « Nous disposons d’un trieur­ séparateur et nous fignolons avec une brosse à grain », précise Marc. Et Rémi d’ajouter : « Il y a aussi de la mouture à faire, six jours sur sept. Et la fabrication des pâtes prend une journée et demie par semaine. »

Beaucoup de particuliers viennent à la ferme. « Nous veillons à ce qu’il y ait toujours un de nous trois pour les servir », souligne Marc. Leur gamme pour l’alimentation humaine est également commercialisée dans des boutiques de producteurs, auprès d’un boulanger et d’un pizzaïolo. « Nous sommes en phase de développement, affirment les exploitants. Nous valorisons déjà 40 % de nos volumes en direct et nous espérons encore progresser ! » Frédérique Ehrhard