Dans le mas provençal qui a appartenu à son aïeule, Raphaëlle Jorgensen fait ses gammes. L’agricultrice des Mées, dans les Alpes-de-Haute-Provence, joue du piano et chante depuis sa plus tendre enfance. Son époux Christian, informaticien originaire du Danemark, rénove la bâtisse depuis vingt ans et, notamment, une belle pièce voûtée. Elle est devenue une salle de musique avec un piano, un clavier, une batterie, des guitares, un micro et des enceintes…
Apprendre à sortir des partitions
Vestiges de la soirée Brin de culture (lire l’encadré), des guirlandes lumineuses sont enroulées au sol. Cet espace convivial accueille souvent des fêtes et de longues heures de répétition. La musique est exigeante. Le couple travaille chaque jour ses différents répertoires. Raphaëlle participe à plusieurs chœurs, chante le gospel, prend des cours au conservatoire de Digne-les-Bains et débute le théâtre. Christian, avec sa basse et sa contrebasse, appartient à quatre formations qui jouent du rock et du jazz. Il œuvre également dans un trio d’ukulélé. Leurs trois enfants sont devenus instrumentistes à l’école de musique du village des Mées.
« La musique m’apporte joie et bonne humeur », confie Raphaëlle en souriant. Celle que les gens surnomment « madame pois chiche », a relancé, en 2008, la culture de cette légumineuse aujourd’hui en vogue. Lors de son BPREA, au Legta Digne-Carmejane, elle a imaginé et testé des recettes de crèmes de pois chiche aromatisées. Avec détermination, elle a défendu et commercialisé ses « poichichades », dont le succès lui a permis d’embaucher et de déléguer une partie de son activité. Associés en Gaec, les conjoints cultivent sur leurs 28 ha pois chiche, petit épeautre, blé tendre, blé khorasan, luzerne et sainfoin.
Le nouveau défi musical de Raphaëlle est l’improvisation : « J’apprends peu à peu à sortir d’une partition, à chanter et à jouer avec davantage de liberté », dit-elle. Malgré ses années d’expérience, elle a toujours l’impression de se mettre à nu face au regard des autres, puis elle se lance. Selon Christian, « éprouver du trac permet de donner le meilleur de soi. » Il apprécie ces moments où les improvisations des différents musiciens s’emboîtent comme il faut. « Jouer en groupe donne le sentiment d’appartenir à une entité qui fonctionne », apprécie-t-il. Alexie Valois