mise au point dans cette région, mais qui peut également éclairer d’autres zones de production.
« Si je prends le cas extrême d’une variété précoce à montaison mal implantée, avec une faible densité de tige sortie hiver, un petit reliquat associé à beaucoup de pluie et à un précédent maïs grain, il n’est pas judicieux de faire l’impasse au tallage. On aura alors tendance à dire : mettez au moins 20 unités », ajoute le spécialiste.
Au cas par cas
Ensuite, il sera nécessaire de moduler les doses sur les deux autres apports. Plus le contexte pédoclimatique sera favorable, plus il sera possible de garder l’azote sur un troisième apport pour récupérer du rendement et maintenir un taux de protéines correct. « À l’inverse, dans les situations défavorables - variétés précoces, sols superficiels, stress hydrique ou thermique potentiel en fin de cycle - nous recommanderons plutôt d’économiser sur le dernier apport, voire de le supprimer », informe David Leduc.
Biostimulants coûteux
Quant à l’emploi d’outils d’aide à la décision (OAD), qui permettent d’optimiser le dernier apport, les conseillers sont unanimes : dans ce contexte, ils ont davantage d’intérêt. « Ce n’est toutefois pas une méthode à appliquer les yeux fermés. Il faut partager le risque coût/bénéfice avec un conseiller (lire l’encadré p. 48) », insiste Cécile Fraysse, de la chambre d’agriculture du Tarn.
Sur la modulation intraparcellaire (lire le témoignage ci-contre), les avis semblent également en accord quant à son intérêt, même sans posséder un équipement haut de gamme. En cas d’application plus « grossière », il s’agit aussi d’un plus dans un contexte de réduction de dose.
Côté engrais, ceux qui restent actuellement sur le marché sont surtout moins utilisés que d’habitude et plus chers. « Les engrais retard (type Entec, Nexen…) n’ont jamais vraiment apporté de plus-value sur céréales à paille et ne peuvent être intéressants que s’ils ne coûtent pas trop cher à l’unité, insiste David Leduc. Les biostimulants fonctionnent peut-être mais ne sont souvent pas rentables lorsque la dose d’azote est ajustée. » Le sulfate d’ammoniaque, très dosé en soufre, peut pour sa part avoir des effets négatifs en renforçant la biomasse des céréales, et donc en augmentant les risques de stress hydriques, thermiques et de verse.
Pertes par volatilisation
En outre, certaines formes sont plus sensibles aux pertes par volatilisation amoniacale (solution azotée). Il est donc possible d’enfouir ses apports afin de minimiser l’impact de la température et du vent.
L’autre conseil avisé est d’éviter de fertiliser en pleine journée, lorsque la chaleur est forte. « En Champagne-Ardenne, les agriculteurs épandent souvent la solution azotée en majorant la dose de 10 à 15 % pour pallier ce risque, rapporte Aliénor Deleplanque, de la chambre d’agriculture de la Marne. Passer sur des formes de type “Nexen” semble intéressant pour l’environnement et pour diminuer le volume épandu. Certes, c’est plus cher mais je pense que, chez nous, on s’y retrouve. »
Dans tous les cas, on veillera à apporter l’azote juste avant des précipitations. En règle générale, on parle de 15 mm nécessaires pour permettre une valorisation correcte dans les quinze jours.