En élevage caprin, l’effet bouc offre une alternative aux hormones pour induire et grouper les chaleurs. En avance de la saison naturelle, il s’utilise seul. En contre-saison, il doit être complété par un protocole lumineux. « Le label “Agriculture biologique” interdit l’utilisation des hormones, et des éleveurs en conventionnel préfèrent également ne pas en utiliser », constate Eric Dejean, référent en reproduction caprine pour l’Occitanie à Coopelso.

Préparer les mâles

En avance de la saison naturelle, il convient de grouper les chaleurs sur la période de septembre ou du début d'octobre. « Au-delà de cette période, une partie des chèvres ont déjà eu leurs premières chaleurs spontanées, et la synchronisation par l’effet bouc ne fonctionne plus », note-t-il. Les mâles doivent être préparés afin d’être actifs sexuellement au moment de leur introduction dans le lot de chèvres à inséminer.

« Mieux vaut les regrouper d’abord dans un bâtiment clair avant de les transférer en juillet et août dans un autre plus sombre, afin d’accentuer l’effet jours courts », conseille Eric Dejean. Ce bâtiment doit être séparé d’au moins cent mètres de celui des femelles afin que celles-ci ne perçoivent pas leur présence, que ce soit par l’odeur, la vue ou l’ouïe.

« Il faut éloigner les mâles mais ne pas les oublier ! », rappelle le spécialiste. Un fourrage de bonne qualité, appétent et fibreux, ainsi que du concentré les aident à reprendre du poids si c'est nécessaire afin d’atteindre une note d’état de 3 à 3,5. « Un ajout d’avoine ou d’huile de foie de morue stimule également l’activité sexuelle. »

Attendre cinq jours avant d’observer les chaleurs

Les chèvres à inséminer reçoivent la même préparation alimentaire. Avant d’être introduits dans le lot, les boucs entiers sont équipés de tabliers marqueurs afin d’éviter les saillies. Il faut compter un bouc pour dix chèvres, et attendre cinq jours avant d’observer les chaleurs. « À partir du sixième jour, on commence à repérer les chèvres marquées sur la croupe. Pour qu’elles soient vraiment en chaleur, il faut qu’il y ait une zone colorée, pas juste un seul trait », précise-t-il.

En moyenne, 80 % des chèvres sont inséminées en trois jours. « C’est un peu moins efficace que le groupage avec des éponges, qui permet d’inséminer 98 % des chèvres en une journée », relève Eric Dejean. Mais si la production d’hormones devait être remise en cause, ce serait une solution pour maintenir un groupage, nécessaire pour inséminer mais aussi pour caler le démarrage de la traite et obtenir des lots de chevrettes d’un âge homogène.