« Chaque jour, j’équipe deux des chèvres d’un collier avec une balise GPS, puis je donne une direction de départ au troupeau en l’accompagnant sur quelques centaines de mètres, explique Stéphane Poissy. Les chèvres pâturent ensuite seules dans la garrigue. Grâce à ces balises, qui disposent d’une carte SIM, et à une application destinée aux éleveurs, je peux suivre leur parcours sur mon smartphone et aller les chercher le soir si elles ne rentrent pas d’elles-mêmes à la chèvrerie. »

Avec sa femme Claudie, ils élèvent 40 pyrénéennes sur 500 ha de parcours à Mayronnes, dans l’Aude. « Nous nous sommes installés ici en 2010 avec l’aide de la commune, qui recherchait des éleveurs pour entretenir le milieu et limiter ainsi les risques d’incendie », précise-t-il.

Trop accidenté, ce territoire de montagne sèche ne peut pas être clôturé. Les deux éleveurs ont d’abord dû garder les chèvres chaque jour sur les 150 ha les plus proches. « Elles ont bien ouvert le milieu. Aujourd’hui, on peut passer partout », note Stéphane. Puis avec les balises GPS, ils ont adopté le lâcher dirigé et élargi la zone parcourue par le troupeau à 500 ha couvrant tout un flanc de vallée.

L'éleveur met à charger les balises GPS tous les soirs avant d'en équiper les chèvres le lendemain. (©  Frédérique Ehrhard)

Des ressources variées

Ces parcours fournissent l’essentiel de la ration grâce à des ressources diversifiées disponibles tout au long de l’année. « Les chèvres apprécient aussi bien les zones herbeuses avec des aphyllantes que les genêts, les jeunes pousses d’arbustes et d’arbres ou encore les glands », indique Stéphane. Elles sortent pâturer quasi tous les jours, et reviennent le soir avec le ventre plein. « Nous leur donnons seulement un peu de foin de Crau le matin pour préparer la panse et un peu d’orge en période de lactation », relève-t-il.

Les deux éleveurs ont aménagé deux parcs, l’un pour les jours de battue au sanglier afin d’éviter tout accident, et un autre pour les chevrettes mises à part du troupeau au moment de la lutte. Mais tout le reste du pâturage nécessite une surveillance quotidienne par le biais des balises. « Cette façon de travailler demande une bonne connaissance du territoire, ce qui complique le remplacement. C’est le seul inconvénient », rapporte Stéphane.

En contrepartie, ce système nécessite peu d’investissements. « Nous nous sommes installés à moindre coût car nous n’avons pas eu à acheter de foncier ni de matériel de culture », souligne l’éleveur. Il est également bien adapté au milieu méditerranéen, et permet de faire face aux années sèches avec une marge de sécurité grâce à la diversité des ressources pastorales.