« La majeure partie de l’Europe méridionale et occidentale est affectée par d’importantes anomalies de l’humidité du sol et du débit des cours d’eau en raison d’un hiver exceptionnellement sec et chaud » : c’est l’annonce faite par le centre commun de recherche (JRC) de la Commission européenne dans un rapport diffusé le 16 mars 2023. Les effets se font particulièrement ressentir en France et inquiètent au niveau de l’approvisionnement en eau pour l’utilisation humaine, l’agriculture et la production d’énergie.

Les conséquences en Europe

"La majeure partie de l’Europe a connu des températures supérieures à la moyenne au milieu de l’hiver », déclare l’organisme. En Europe centrale et l’est de la Scandinavie, les valeurs moyennes sur trente jours le 20 décembre 2022 se situait entre 3 °C et 6 °C. Seule une zone réduite a dépassé les 6 °C à la frontière entre la Roumanie et l’Ukraine. Dans les autres régions, l’anomalie de température atteignait entre 1 et 3 degrés.

Cette période de forte température s’est poursuivie. Les températures, moins hautes, ont particulièrement touché le centre et le nord de l’Europe. « Ces périodes de chaleur intense et de longue durée ont aggravé l’effet du déficit de précipitations sur la teneur en eau du sol », observe gravement la commission.

À la fin de février 2023, l’indice d’humidité du sol était « remarquablement négatif » en Europe occidentale, en raison ses faibles précipitations et de la succession des périodes chaudes au cours des mois précédents. Plusieurs régions sont touchées par le phénomène telles que l’Irlande, le Royaume-Uni, la France, les pays du Benelux, l’Espagne, les régions de la mer Noire, la Roumanie et l’Italie du Nord. « L’évolution de l’anomalie de l’humidité du sol au cours de l’année allant de mars 2022 à février 2023 met clairement en évidence la gravité, l’étendue et la persistance des conditions de sécheresse en Europe », insistent les auteurs.

En raison de la douceur hivernale, le rapport montre un développement précoce des cultures et une activité photosynthétique plus importante que la normale dans la majorité des pays européens. En Irlande, dans le sud de l’Espagne et dans le centre de la Pologne, la végétation a subi un stress dû aux chaleurs et au manque de précipitation.

Le débit des rivières est aussi affecté par la sécheresse hivernale, notamment en France, au Royaume Uni, dans le sud de l’Allemagne, en Suisse et dans l’Italie du Nord. « La réduction du flux est corrélée avec le manque de précipitation ces derniers mois », déclare la commission.

La France est particulièrement touchée

La chaleur hivernale a principalement impacté la France, l’Italie et l’Espagne. La France accuse le coup de la sécheresse hivernale exceptionnelle. En février, les réservoirs français ne sont remplis qu’à 55 % contre 85 % à la même date en 2022. Le premier comité de planification et de suivi hydrologique s'est réuni le 23 février 2023, soit un mois plus tôt qu'en 2022. Il a commencé à placer des départements en alerte renforcée. Février 2023 se révèle être le mois de février le plus sec en France depuis 1959.