Au mois de mai, on peut dire qu’il y avait de l’électricité dans l’air. Plus de 180 000 impacts de foudre ont été comptés, soit trois fois plus que d’habitude. Et ces orages, souvent violents, ont été accompagnés de pluies intenses et de grêle. Résultat : de nombreuses parcelles en fond de vallée inondées, de même que les passages de roues dans les parcelles, et des sols gorgés d’eau un peu partout en France. Si sur la moitié nord, les épisodes pluvieux sont entrecoupés d’éclaircies, la pluie n’a quasiment pas cessé ce printemps sur la moitié sud (lire aussi article Culturales page 19).
Pour le cabinet Agritel, le contexte est « source d’inquiétude dans de nombreuses régions. Les grandes zones de production de maïs du sud-ouest sont particulièrement affectées ».
Les conditions de cultures se détériorent sur la céréale : elles sont bonnes à très bonnes pour 77 % des maïs, contre 84 % la semaine passée. Les semis de maïs ne sont par ailleurs toujours pas terminés au 3 juin en Aquitaine et en Midi-Pyrénées selon FranceAgriMer. Pour les surfaces restantes, la question se pose de semer plutôt du sorgho ou du soja que du maïs, dont le potentiel serait impacté.
Les autres cultures de printemps « semées entre deux pluies ne sont pas du tout jolies », selon un opérateur sur le Sud-Ouest. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, 28 % des blés présentent des conditions de cultures mauvaises à très mauvaises au 3 juin selon FranceAgriMer. Il est cependant encore trop tôt pour estimer les chutes de rendements potentielles, liées à la fois à la perte de grain au sol et à un mauvais remplissage.
Risque de fusariose très élevé
L’état sanitaire des cultures est également à surveiller. Sur blé, le risque fusariose est très élevé. Certains opérateurs dans le Sud prévoient déjà de séparer les blés de maïs afin de ne pas dégrader la qualité des blés moins sensibles. Sur pomme de terre, c’est la pression mildiou qui est accentuée.
Les intempéries n’ont pas endommagé que les cultures. Certains sols, notamment en pomme de terre dans les Hauts-de-France, ont été fortement érodés, entraînant parfois des coulées de boues dans les villages alentour. La quantité et la qualité des fourrages sont également impactées par ces pluies. Dans le Lot-et-Garonne, la Coordination rurale demande au préfet de pouvoir faucher les jachères et d’en récupérer le foin pour le bétail à titre dérogatoire sans décompte sur les surfaces d’intérêt écologique.