En ce début de printemps, la sécheresse gagne déjà plusieurs régions de France. Ainsi, selon la carte des arrêtés publiée le 21 avril 2022, dix départements, dont l’Ain, les Alpes-Maritimes, la Drôme ou le Maine-et-Loire ont déjà pris des arrêtés pour une alerte sécheresse.

 

Pour la plupart de ces départements, les niveaux d’alerte sont jaunes, voire orange. Ce vendredi 22 avril 2022, 25 arrêtés préfectoraux sont ainsi en cours et une réduction des prélèvements à des fins agricoles est déjà en cours dans plusieurs départements.

 

Une faible pluviométrie sur les trois derniers mois

Avec des relevés provenant de plus de 1 000 stations météo réparties sur l’ensemble du territoire, le site Info-Sécheresse recense ainsi les cumuls pluviométriques. D’après les données de pluviométrie des trois derniers mois, 40 départements dans le Sud-Ouest, le Sud-Est ou le Maine-et-Loire apparaissent déjà en grande sécheresse. Une grande majorité est également placée en sécheresse modérée.

 

 

Sur ce début d’année 2022, la France connaît un déficit pluviométrique qui laisse entrevoir une période de sécheresse. © Info-Sécheresse
Sur ce début d’année 2022, la France connaît un déficit pluviométrique qui laisse entrevoir une période de sécheresse. © Info-Sécheresse

 

Le niveau des nappes phréatiques déjà orienté à la baisse

Selon le bulletin de situation hydrogéologique du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) (1) paru le 12 avril 2022, le niveau des nappes d’eau souterraines est inférieur à la normale quasiment partout. La faible pluviométrie de ces derniers mois a fortement impacté l’état des nappes.

 

À l’exception de quelques régions comme l’Île-de-France, la Normandie ou une partie des Pyrénées qui ont bénéficié d’un peu plus de précipitations au début de l’année ou sont un peu préservées par des nappes d’eau plus profondes, les réserves d’eau sont déjà très basses pour un mois d’avril.

 

En réalité, il n’a pas plu suffisamment entre octobre 2021 et mars 2022 qui est la période la plus efficace pour recharger les nappes phréatiques. En plus d’une recharge insuffisante en fin d’hiver, la période de vidange a débuté dès février avec deux ou trois mois d’avance.

 

La carte établie par le BRGM montre que de nombreuses nappes affichent déjà des niveaux allant de modérément bas, en jaune, à bas, en orange. La situation est particulièrement préoccupante, dans la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, en Vendée, en Charente-Maritime et dans le Grand Est.

 

 

Situation hydrogéologique des nappes phréatiques au 1er avril 2022. © BRGM
Situation hydrogéologique des nappes phréatiques au 1er avril 2022. © BRGM

 

Des prévisions qui ne rassurent pas

Les prévisions de Météo-France sur les prochains mois ne sont guère optimistes. D’avril à juin 2022, « les scénarios plus chauds et plus secs que les normales sont les plus probables » malgré des perturbations océaniques pouvant traverser la France, indique Météo-France.

 

Selon le BRGM, « la hausse des températures, la reprise de la végétation et donc l’augmentation de l’évapotranspiration vont limiter nettement l’infiltration des pluies vers les nappes ». Sauf événements pluviométriques exceptionnels, les épisodes de recharge devraient donc rester ponctuels et peu intenses.

 

Ce scénario associé aux niveaux actuellement bas des nappes phréatiques laissent entrevoir une situation tendue et une prochaine sécheresse dès le printemps.

 

Malgré un épisode pluvieux prévu ce week-end par Météo-France, le temps sera donc chaud et sec dans les prochains mois.

 

(1) Le Bureau de recherches géologiques et minières, BRGM, est l’établissement public de référence de gestion des ressources et des risques du sol et du sous-sol. Il est sous la tutelle du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, du ministère de la Transition écologique et du ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance.