Au printemps 2020, Gaël Rouvenach a implanté 5 ha de betteraves fourragères, soit deux fois plus que l’an passé. Ses 80 vaches laitières s’en délectent depuis cette année, en période froide. « C’est un aliment très appétant, presque trop même ! Les vaches se jettent dessus. Je suis obligé de les attacher au cornadis pour qu’elles ne se battent pas », explique l’agriculteur, basé à Sepvigny, dans la Meuse.
L’EARL des Écluses compte 208 ha, dont 150 ha de terres labourables et 58 ha de prairies, toutes situées en zones inondables. Installé depuis 2011, Gaël travaille et échange régulièrement du matériel avec son frère, Davy, dont l’exploitation est située sur la commune voisine. Les deux frères livrent leur lait au principal collecteur du secteur, l’Union laitière de la Meuse (ULM).
C’est d’ailleurs par leur laiterie qu’ils se sont intéressés à la betterave fourragère. « Ce n’est pas une culture qui s’est développée par ici, car nous avons le maïs, précise l’éleveur. Mais avec les trois étés secs que nous venons de vivre, il faut trouver des alternatives. Nous avons adhéré au groupe betteraves de la laiterie, même si nous ne sommes pas sur la zone brie de Meaux (lire l’encadré). »
Santé préservée
La ration hivernale est désormais la suivante : 1 kg de paille de blé, 3 kg de soja, 26 kg d’ensilage de maïs, 2 kg d’orge, 12 kg d’ensilage d’herbe et 13 kg de betteraves (pour 2,3 kg de MS). « La betterave est très riche en eau. Mais il ne faut pas trop en donner car elle est aussi riche en sucres. Il ne faut pas en donner aux taries non plus, en raison de la teneur élevée en sodium et en potassium », indique Gaël. Les betteraves sont distribuées entières, mélangées avec le reste de la ration. « Les vaches les croquent sans problème, précise Gaël. Au début je les broyais, mais ça n’était pas évident car elles roulaient. »
Les betteraves sont stockées dans un silo entouré de bottes de paille. « Je n’ai pas eu besoin de le couvrir l’hiver dernier, car il n’a pas gelé, ajoute l’agriculteur. Le seul inconvénient de cet aliment est qu’il ne se conserve pas très longtemps. Sur la dernière campagne, j’en ai donné de novembre à mars. » Sur cette période, aucune mammite ni boiterie n’étaient à déplorer, et les vaches présentaient un plus beau poil. « La qualité du lait s’est également améliorée : en 2018, j’étais à 37,2 g/kg de moyenne en TB, 33,2 g/kg de TP. Je suis passé à 42,2 g/kg de TB et 34,1 g/kg de TP entre mai 2019 et mai 2020. »
En 2018 et 2019, un agriculteur voisin, qui cultive la betterave depuis vingt ans, a assuré le semis et la récolte pour les deux frères. Cette année, ils ont investi dans du matériel, notamment une chargeuse. Un troisième éleveur s’est associé dans la démarche. « La betterave est aussi une bonne tête d’assolement, que nous allons continuer à substituer, en partie, au maïs », souligne Gaël. L’an dernier, le rendement était de 60 t/ha, « ce qui est très correct du fait des conditions météo. »
Dominique Péronne