« Les entrepreneurs de travaux forestiers doivent pouvoir vivre décemment de leur métier. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Ils sont pris en étau entre la recherche économique du prix le plus bas de leurs clients et les conséquences de la surenchère environnementaliste sur leurs conditions d’emploi et de travail en forêt sur fond de solidarité professionnelle impossible », explique Robert Dieudonné, président du pôle de la forêt de la Fédération nationale des entrepreneurs du territoire (FNEDT).

 

Une étude, menée pendant un an par un cabinet en interrogeant les entreprises et les représentations professionnelles des travaux forestiers, trace les évolutions probables du secteur dans dix ans. L’étude a été publiée le 25 janvier 2022 par le ministère de l’Agriculture qui avait commandé ce travail.

 

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Une forêt avec plusieurs fonctions

L’avenir du secteur à l’horizon de 2030 se porte plutôt vers une exploitation de la multifonctionnalité des forêts (chasse, randonnée, exploitation forestière, etc.). Dans cette situation, la société accepte de rémunérer les entreprises aussi bien pour leurs activités économiques immédiatement rentables que pour leurs fonctionnalités à long terme. En se projetant dans ce monde heureux du développement durable, les entreprises de travaux forestiers se voient comme les garantes de la forêt, comme des expertes qui préservent et soignent les forêts dans lesquelles elles exercent en tant que spécialistes.

 

Bien qu’elle ne soit pas la plus probable, cette vision est à imaginer par contraste avec, d’un côté, une orientation radicalement écologique ou, de l’autre côté, une priorité absolue à l’exploitation économique de la forêt. À vrai dire, le scénario le plus probable serait plutôt celui d’une inertie des acteurs mais la sortie de ce rapport est, justement, un moyen d’éviter cet attentisme mou.

Des investissements pour la filière

La perspective d’une évolution du secteur vers une multifonctionnalité acceptée ne provoque pas de révolution dans le secteur économique mais améliore le bilan de la profession. Les surfaces forestières confiées en gestion augmentent légèrement par rapport au 19,6 millions d’hectares actuels (source : IGN). Le nombre de salariés augmente au sein d’entreprises de plus grande taille qu’actuellement (aujourd’hui 8 300 équivalents temps plein au sein de 6 900 entrepreneurs de travaux forestiers (source : FNEDT). La valeur ajoutée du secteur (2,1 milliards d’euros) augmente du fait de la diversification des activités. De nouveaux modèles d’entreprises apparaissent en se construisant moins sur la prestation technique au profit du négoce de bois ou de la gestion forestière.

 

Pour réaliser ce scénario, le rapport souligne les investissements que la filière devra faire dans la formation des chefs d’entreprise, la gestion de leurs affaires et la structuration professionnelle. La FNEDT a créé un comité de suivi des recommandations de ce rapport.

 

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