Globalement, les prix des céréales finissent la semaine à un niveau proche de vendredi dernier. Les prix français du blé conservent leur gain. Chicago a tiré dans un premier temps les prix français à la hausse, avant de les entraîner dans l’autre sens. Le rendu Rouen s’affiche ainsi à 169 €/t, pratiquement à jeu égal avec la cotation de mars d’Euronext quasi inchangée sur une semaine.

Risque de gel

Cette fluctuation reste liée à la séquence actuelle de weather market : les opérateurs s’inquiètent des vagues de froid enregistrées ou annoncées dans plusieurs zones essentielles à la production de blé dans le monde (mer Noire, UE (Union européenne), États-Unis). Toutefois, même si les impacts de ces épisodes de froid restent difficiles à appréhender, l’heure n’est pas à l’alerte rouge.

 

En France, un communiqué d’Arvalis est ainsi venu minimiser les risques pour les cultures dans l’Hexagone, en insistant sur la phase d’endurcissement qui a précédé la chute brutale des températures, cette dernière ayant d’ailleurs été moins violente qu’annoncée. Dans certaines zones d’Europe (Hongrie, Bulgarie, Roumanie), les craintes sont plus importantes, mais là encore difficiles à quantifier.

 

Autour de la mer Noire, les inquiétudes sont nettement retombées. Le marché reste donc sous la pression des fortes disponibilités de blé sur la planète. Avec la perspective de stocks colossaux en juin prochain chez plusieurs gros exportateurs (États-Unis, Russie, Australie…) et malgré l’annonce de surfaces de blé historiquement basses semées aux États-Unis cet automne, il faudra que les dégâts climatiques s’avèrent très sérieux pour ne pas entamer la campagne de 2017-2018 sur une note lourde.

 

L’Égypte achète en Ukraine

La résistance actuelle des prix est aussi liée à la fermeté du rouble, qui supporte les prix russes malgré une offre très abondante. Les derniers appels d’offres du Gasc égyptien en sont le reflet avec des prix d’achat en légère hausse depuis deux semaines. La suprématie russe depuis le début de la campagne sur ce débouché semble même s’effriter. Après avoir acheté du blé russe et du blé roumain le 14 janvier, le Gasc n’a acheté que du blé ukrainien ce vendredi. Son prix était 6 $/t moins cher (Fob) que la meilleure offre russe.

 

En orge, les prix n’ont guère bougé, à 141 €/t en rendu Rouen. Le prix de l’orge brassicole de printemps recule de 2 €/t en Fob Creil. Cette qualité est désormais sous la pression d’une offre australienne très abondante et de bonne qualité faisant suite à la récolte qui s’achève dans ce pays. Cette présence australienne pourrait contribuer à diminuer la prime brassicole dans les semaines qui viennent.

Regain de fermeté en maïs

Le maïs profite d’un petit regain de fermeté pour l’ensemble des cours mondiaux. Les fortes pluies qui se sont abattues en Argentine font craindre des pertes non négligeables de surfaces, et cette origine a gagné 3 $/t depuis le mois dernier. Il faut toutefois garder en tête que la production argentine reste prévue à un niveau élevé et que ce pays devra exporter massivement pour ne pas alourdir son bilan.

 

La forte production d’éthanol à base de maïs constitue l’autre facteur de soutien de ce marché. Dans ce contexte, le prix Fob Bordeaux reprend presque 3 €/t, à 169 €/t.

Les pluies en Argentine dopent le soja

La pluie continue de tomber en Argentine, et met en péril une partie de la récolte de soja. Les prévisions de production de la bourse locale de Rosario sont ainsi revues à la baisse à environ 53 millions de tonnes (Mt), contre presque 57 Mt l’an dernier. Cette situation soutient les cours de la graine, mais aussi du tourteau, dont l’Argentine est le premier exportateur mondial.

 

Les cours de la graine de soja à Chicago ont ainsi fortement augmenté au début de la semaine, avant de s’affaisser légèrement. Le contrat de mars se situe maintenant à 393 $/t (379 $/t la semaine dernière). Malgré les déboires argentins, la situation du soja aux États-Unis devrait rester assez confortable, d’autant que les surfaces semées devraient encore augmenter au printemps prochain.

 

L’analyste Farm Futures a publié le résultat d’un sondage indiquant que les surfaces US pourraient atteindre le record de 90,5 millions d’acres, soit 36,6 millions d’hectares (une hausse de 3 millions d’hectares par rapport au précédent record de 2016). Les cours pourraient donc reculer rapidement si la situation s’améliore en Amérique du Sud, d’autant plus que les chargements brésiliens commencent.

Le colza remonte

Concernant le colza, les cours sont en hausse cette semaine en France. Sur le marché physique, la graine gagne en effet 5 €/t pour le Fob Moselle (à 423 €/t) et 6 €/t rendu Rouen (à 415 €/t). Sur le marché à terme Euronext, le contrat de février remonte lui aussi, de 6,5 €/t sur une semaine (à 420,75 €/t). Les cours sont soutenus, d’une part, par le soja et, d’autre part, par les tourteaux, qui augmentent fortement cette semaine à la suite des craintes concernant la récolte de soja argentine.

 

Par ailleurs, les cours des huiles sont aussi à la hausse, face à une forte demande. Au Canada, les cours augmentent eux aussi assez sensiblement, gagnant environ 15 $/t à 390 $/t. Les statistiques hebdomadaires confirment le rythme élevé de la demande locale comme à l’exportation.

 

Les prix français du tournesol reculent légèrement cette semaine à Saint-Nazaire (–5 €/t à 375 €/t). L’ampleur des disponibilités en huiles pèse sur la marge de trituration, et cette lourdeur se transmet progressivement au prix de la graine.

Forte hausse des tourteaux

Les cours du tourteau de soja poursuivent leur hausse à Chicago (+26 $/t à 384 $/t), soutenus par les déboires argentins. En France, les prix remontent eux aussi fortement, gagnant 30 €/t à Montoir, à 378 €/t. Après plusieurs semaines de baisse, le rattrapage par rapport à la hausse des prix mondiaux est donc assez marqué. Le prix du pois augmente légèrement, à 222 €/t départ Marne (220 €/t précédemment).

 

À suivre : évolution des prix de blé russe notamment pour les appels d’offres égyptiens, évolution de la météo (vagues de froid pour les céréales à paille dans l’hémisphère Nord, pluies en Amérique du Sud pour le maïs), taux de change, rentabilité de l’éthanol, et rythme d’exportation de soja du Brésil.