Perte de productivité, augmentation du temps de travail, entretien coûteux… L’implantation d’infrastructures agroécologiques à proximité ou dans une parcelle rencontre des réticences. Pour Jean-Bernard Guyot, agriculteur à Sommepy-Tahure (Marne), qui conduit 45 hectares de son exploitation en agroforesterie, ces installations apportent plus de bénéfices que d’inconvénients.

« Sur le long terme, il existe un réel intérêt autofertilisant »

« Un arbre, c’est en moyenne 100 kg de feuilles et 30 % de ses racines qui se dégradent dans le sol chaque année, indique le producteur, qui a planté majoritairement des essences destinées au bois d’œuvre. Sur le long terme, il existe un réel intérêt autofertilisant. La perte de surface engendrée par ces arbres est compensée par la vente du bois. Des fruitiers peuvent aussi être choisis. »

Ravageurs et préservation de l’eau

Si les assolements très diversifiés de la Marne rendent déjà service à la biodiversité, Caroline Gibert, responsable de l’activité agroécologie biodiversité de Solagro (1), indique que cela n’est pas suffisant. Selon elle, les haies, talus, fossés, arbres apportent bien plus. « Ils permettent à des auxiliaires de culture de se développer. Si 50 % des ravageurs ont besoin de sortir d’une parcelle pour réaliser leur cycle biologique, neuf espèces sur dix d’auxiliaires ont cette nécessité », explique l’experte, qui met aussi en avant l’intérêt pour le captage de l’eau.

« Sur une terre arable, en fonction du type de sol, la présence de haies permet entre 1,8 et 3,5 m³ d’eau stockée en plus par mètre linéaire. » Une analyse que partage Jean-Bernard Guyot, qui considère aussi que les cultures sont mieux protégées car ombragées. L’intérêt financier de ces installations est aussi à prendre en considération selon eux, que ce soit par le biais du paiement de crédits carbone ou de la Pac.

(1) cabinet d’expertise au service des transitions.