Alors que l’Ademe travaille à l’affichage environnemental des produits alimentaires, l’impact de leur mode de production sur la biodiversité reste encore difficile à évaluer.
En 2022, les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique ont missionné une équipe de chercheurs de l’Inrae et de l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) pour évaluer l’impact sur la biodiversité de treize labels de l’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture. Tous liés à une certification, ils sont aussi bien de portée nationale que mondiale et relèvent du public comme du privé. Les résultats de l’étude ont été rendus publics le 30 avril dernier.
Dix labels au crible
Pour l’agriculture, ce sont dix labels (1) qui ont été scrutés et plus particulièrement leur cahier des charges. Les chercheurs se sont attardés à identifier les pratiques, à prendre en compte leur niveau d’ambition et leurs obligations.
Huit pratiques ont ensuite été identifiées comme favorables à la biodiversité avec un indice de confiance fort. Il s’agit de pratiques qui ont une majorité d’effets positifs sur au moins deux groupes taxonomiques (les plantes et les arthropodes, par exemple) et au moins deux variantes de la biodiversité (abondance et diversité, par exemple).
La bio en tête
Seule l’agriculture biologique présente des bénéfices avérés pour la biodiversité. Les trois labels bio (règlement européen bio, Demeter, Nature et progrès) sont ceux qui imposent le plus de manière obligatoire, les pratiques favorables à la biodiversité avec un haut niveau d’ambition.
« Les autres labels sont peu documentés, explique Françoise Lescourret, pilote de l’étude pour l’Inrae. Mais la majorité des labels de l’agriculture prennent en compte au moins une pratique favorable à la biodiversité avec un haut niveau de confiance. » À noter que certaines pratiques, comme la réduction du travail du sol ou bien les cultures associées, ne sont que peu, voire pas mentionnées dans les cahiers des charges.
Des méthodes de calcul
Les chercheurs ont ensuite mis au point deux méthodes pour estimer quantitativement l’impact des modes de production sur la biodiversité.
L’indicateur « Contra-BiodivLabel » prédit un niveau de biodiversité par unité de surface en fonction de l’occupation des terres et des pratiques du cahier des charges. La seconde méthode, dite « méthode BVIAS », calcule l’impact des pratiques sur la biodiversité à partir de bases de données sur l’analyse de cycle de vie (ACV). « Ce n’est pas un classement des labels, ni un guide d’achat », insiste Olivier le Pivert, délégué chez Ifremer. Ce dernier rappelle que l’étude vise plutôt à fournir des pistes méthodologiques pour calculer l’impact sur la biodiversité dans le cadre de l’affichage environnemental.
Si les labels jouent bien un rôle utile pour la protection de la biodiversité, leur impact est encore difficile à objectiver. Les chercheurs appellent à mieux documenter les pratiques et leurs effets pour chaque label et invitent les pouvoirs publics à inciter les producteurs dans ces démarches.
(1) Appellations d’origine protégée (AOP), Label rouge, Nature et progrès, Demeter, Agriculture biologique (AB), Rainforest alliance, Label Bleu-blanc-coeur, Round table substainable palm oil, round table on responsible soy, certification Haute valeur environnementale (HVE).